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Ne pas se laisser pétrifier par la neige qui tombe lentement chaque jour…

Mois

Mai 2016

Gourmandises de gourmandes…

Mercredi, dans une pâtisserie du cours; je venais y chercher des biscotins aixois… Autour de moi des dames , rien que des dames;  des filles aussi, enfin, des femmes, au sens noble et générique du terme. Autour de moi donc qui attendais mes biscuits, elles demandaient une tarte au citron, un éclair au chocolat, une religieuse. En l’absence de table pour déguster ces jolis délices, ceux-ci étaient engloutis avant même de les avoir réglés en caisse … Le plaisir est glouton… Alors, m’est revenu ce poème italien d’un grand…

Il est mort il y a 100 ans, en août 1916; il était turinois et il avait une sensibilité très … proustienne. C’était un poète, Guido Gozzano… Et quand lui parlait des femmes, il disait…

Je suis tombé amoureux de toutes les femmes qui mangent des petits gâteaux dans une pâtisserie.

Des dames et des demoiselles qui viennent d’ôter leur gant et vont choisir la gourmandise.

Comme ces dames  redeviennent  petites filles!  Pour que personne ne les surprenne, elles se sont détournées, vite, très vite; la voilette soulevée, elles dévorent leur proie.

Il y a cette dame qui réfléchit longtemps avant de choisir le petit délice; cette autre qui le prend sans hésitation , se moquant de sa forme ou de sa couleur. Il y a celle qui, avant même de l’avoir terminé, pense à l’après, à la pâtisserie qui va suivre; son oeil averti a déjà pris possession du plateau tout entier. Une autre dont le gâteau s’est affaissé, chasse les traces blanches de sucre  de ses doigts collants de confiture. Cette autre encore, lèche avec délicatesse ce qui dépasse déjà du petit four…Peine perdue, la crème s’en échappe par l’autre bout.

Il y a celle  qui, sans se préoccuper de qui l’a repérée, dévore en paix. Une autre lève les yeux et il semble qu’au su et au vu de tous, ce qu’elle goûte, ce ne sont pas  des bijoux à la crème ni  de la ganache;  mais quelque chose qui ressemblerait à la poésie de  D’Annunzio*.

Dans une atmosphère lourde d’arômes puissants, de  mélanges étranges de cédrat, de sirop, de crème  et de mousse, de parfums de Paris, de violette ou encore de chevelures, comme ces dames redeviennent des petites filles ! 

Pourquoi ne m’est-il  pas permis, les conventions sont dures, de m’approcher d’elles, de les embrasser, l’une après l’autre ces bouches intactes et magnifiques de jeunes femmes, de les embrasser pour que ce baiser ait la saveur de la crème et du chocolat?

Pourquoi?

Je suis tombé amoureux de toutes les femmes qui mangent des petits gâteaux dans une pâtisserie…

                       (Guido Gozzano       th.jpeg       1883-1916)

*Gabriele D’Annunzio était un poète interventionniste, c’est à dire qu’il souhaitait vivement l’entrée en guerre de l’Italie en 1915. Adaptation et traduction  du poème de Gozzano, LE GOLOSE: Élisabeth.

 

 

 

Libro d’autrice!

Ah, comme ils sonnent juste, les récits de Francesca Melandri! Il y en a deux: EVA DORT et PLUS HAUT QUE LA MER.

Elle, la cinquantaine, moins sans doute, jolie femme qui a des choses à dire et qui les dit; chez nous et en  en français.

Hier, elle nous recevait à BOOK’N BAR, vous savez , cette librairie d’Aix, quartier Mazarin, en face du très séduisant Caumont (où nous attend Turner); une librairie internationale où l’on est bien à toute heure; où l’on boit son thé en égoïste, où l’on peut partager aussi; de ces librairies où il y a du bois, des tables et des coins à la Virginia Woolf; une librairie qui fait du boulot, pas bégueule du tout et qu’il ne faut pas perdre ( les autres non plus, d’ailleurs.) Digression voulue.

Je reviens à Francesca Melandri qui connaît bien son Italie et qui nous l’offre , dans ses faiblesses, son histoire chaotique, mais aussi dans sa beauté nue. À prendre ou à laisser. On prend; on écoute l’auteure – le mot d’autrice* n’est pas plus beau en italien; sous peu qu’il soit prononcé à la française, on est carrément en Autriche!- Justement, presqu’en Autriche, elle, la belle italienne nous y conduit avec l’histoire de la famille d’Eva. Une famille du Haut-Adige ( Sud-Tirol pour ceux qui ont la nostalgie  d’un passé …austro – hongrois); une histoire d’hommes, à découvrir, ne fût-ce que pour comprendre les traités que signent les hommes après une guerre; ici, Saint-Germain en Laye, 1919. On tire un trait entre deux pays; d’un côté ce sera l’Autriche, de l’autre, l’Italie… Et au milieu des hommes à qui on n’a pas demandé s’ils voulaient de ce partage décidé un peu par les français, beaucoup par  Wilson, l’américain…Lisez le livre EVA DORT et vous comprendrez mieux et si l’italien , vous le maîtrisez, lisez aussi de lili Grüber: EREDITÀ…Vous saurez.

Puis Francesca nous a parlé de PLUS HAUT QUE LA MER… Elle écrit: ...si on veut garder quelqu’un vraiment à l’écart du reste du monde, il n’ y a pas de mur plus haut que la mer. D’où la présence sur cette île au nord de la Sardaigne ( rien n’est dit dans le roman, mais, nous aident la géographie des lieux, les descriptions, les implantations pétrochimiques  ; et puis on sait, pour l’avoir lu, qu’en Italie pendant les années 80, existaient ces prisons de haute sécurité où l’on incarcérait , mais aussi protégeait des personnalités en danger: L’Asinara en Sardaigne est de ces lieux; l’île d’Elbe aussi , mentionnée dans le livre: Porto Azurro… Univers carcéral sur fond de troubles nationaux donc, mais le roman n’est pas  seulement cela…La responsabilité de chacun  est ce qui touche, ce qui implique. L’objectif de Francesca, s’il était aussi celui-là, est atteint.

Nous sommes interpellés, nous nous interrogeons.

Un vrai livre!

  • prononcer: aoutlitché, enfin…presque…

Love story ou Love letters… amour toujours

Ça commençait comme ça:

« Que dire d’une fille de vingt-cinq ans quand elle est morte ? Qu’elle était belle. Et terriblement intelligente. Qu’elle aimait Mozart et Bach. Et les Beatles. Et moi ».

Ça nous ressemblait tellement cette histoire… Nous, les filles , on s’était identifié à Cavilleri, l’étudiante américaine binoclarde, qui allait mourir jeune de leucémie, à part que nous, on allait vivre, rire  et construire  (encore que…vu le monde  qu’on a servi à nos petits, notre construction est comme dans la comptine de la maison que Pierre a bâtie= de papier et de carton …)

Et vieillir aussi. Pop! ( non,  pas la musique; plutôt le bruit, comme dans  le pop-corn). Pop! donc, un pop up de la toile, qui me montre Ali Mac Graw et Ryan o’Neill, les héros du film Love story, AVANT et APRÈS. Bon…je dois leur ressembler, à quelques illusions, perdues ou gardées, près. Ils sont devenus grands ( définition 1= l’âge) comme moi et disons que les responsabilités les ont marqués… Leur fragilité affichée me touche, même si en s’attaquant au texte de Gurney, les LOVE LETTERS, ils restent grands, très grands( définition 2= l’excellence); forts, très forts… Quant au texte, lui, il est, du début à la fin, savoureux de vivacité…

 » Je n’ai pas dansé avec toi parce que je me suis froissé un testicule; si tu ne sais pas ce que c’est, cherche dans le dictionnaire… Je voulais te le dire avant le bal et puis j’ai été gêné…Si j’ai dansé avec Giny , c’est qu’elle a des jambes courtes et qu’elle fait de petits pas… j’ai essayé à la maison ( de danser) avec ma mère mais ça faisait un mal de chien… »

Allons, soyons riches de tant d’années! Relisons les LOVE LETTERS ou mieux, si la pièce est proposée pas loin de chez nous, allons-y, juste pour nous regarder dans leur miroir; ça fait si longtemps qu’on ne l’a plus fait…

Et le film, et la musique de LOVE STORY déposés sur Fesse Bouc sont très sucrés, je sais  ( en anglais on dit soap pour l’eau de rose), mais entre Trump qui vient d’écrire sa HATE STORY  et Oliver, me fallait choisir… Sorry…

Pourvu qu’Oneill-Oliver ne se range pas du côté de l’autre! WATCH OUT!

Nb: hate= la haine/ watch out= vigilance! (pas fait exprès, mais les deux mots l’un à côté de l’autre me conviennent dans leur ordre…)

 

De quoi j’me mêle?

J’entends puis je lis les résultats des élections autrichiennes; voilà que l’Histoire se remet à tousser… S’est-elle seulement soignée une  seule fois depuis les guerres? Alors l’Autriche voudrait encore récupérer le sud Tyrol… Mais si j’ai bien compris ce qu’écrit Lili Grüber, la journaliste italienne, dans EREDITÀ, Hitler ne s’en est pas tellement occupé quand il y est venu ; il n’a même fait qu’y passer; ce petit bout de terre pour lui n’était pas assez grand. Voilà qu’on se met à le désirer maintenant, le sud Tyrol ou le Haut Adige, car aujourd’hui, ces terres qui parlent  aussi l’allemand, sont rattachées depuis 1919 ( traité de Saint Germain) à l’Italie.

Mais de quoi j’me mêle depuis mon carré d’herbe français? Beh…d’essayer d’analyser les crispations multiples qui fabriquent des résultats d’élection serrés de serrés; à peine plus de 50 % des voix pour le candidat écologiste Van den Bellen…le grand reste allant à l’extrême droite bien éveillée. Dans sa solitude extrême d’émigrant, Stefan Zweig, avait entr’aperçu tout cela … Trop difficile à vivre, la situation.

Il ne fait pas bon émigrer de nos jours…

La route, toujours!

Un livre-compagnon. Celui qui nous fait passer la frontière là où justement, on  s’aperçoit que de frontière, il n’ y en a pas.

Je passe le col, je pars vers l’Italie, je vais à la rencontre de mon livre.

Le personnage de ET LA PIAVE MURMURE… a fait la même démarche, il part; je le suis… Lui, c’est Zoldo,  de famille italienne, un peu français aussi par la vie… Puis le retour au pays des anciens. C’est un personnage du livre, Zoldo, mais il catalyse les hommes du chemin, de la route… Il est cabossé parce qu’il est humain; vous ne l’êtes pas vous? Au fil des pages, se dévoilent les blessures, les fêlures, les hoquets de l’histoire des hommes. Et on se prend à les écouter…

Le livre est publié en Italie en version bilingue, chez la maison d’édition valdôtaine CONTI-Editore, dans une traduction belle et précise de Wilma Calleri. La couverture déclinée en deux tons de terre et de ciel, porte la photo réalisée par Jean-Claude Lenaers, encore un ami du chemin. J’ai eu beaucoup d’émotion à écrire ce livre à deux  titres. L’intitulé italien?  IL PIAVE MORMORA ANCORA…

copertina il piave mormora 4.0-1

Clins d’oeil ;;;

Tous les trois me séduisent, avec leurs manques, leurs plus, leur style et leur…gouaille: Balzac, Stendhal et Giono; mais qu’auraient dit les deux premiers du dernier qui accable le premier? C’est comme ça l’écriture; de petites griffes tous les jours  parce que c’est inconfortable, parce que s’il nous vient l’idée de se mesurer, on ne va plus écrire; on n’est jamais sûr de ce qui va se passer; on procède quand même; tant pis… Vous sentez bien, tout de même, qu’avancer en  hésitant et à coups de point-virgule,  c’est une façon de respirer. Giono, lui les a dans la voix, les point-virgule:

 » Je n’aime pas Balzac; il y a tout à l’heure quarante ans que je relis Balzac, toutes les années. Balzac commence par te décrire la France; dans la France, il te décrit une province; dans une province, il te décrit une vallée; dans la vallée, il te décrit un château; dans le château, il te décrit un escalier; l’escalier arrive à un palier; sur le palier , il y a des portes; il te décrit les portes et puis après il te décrit une chambre; et on rentre dans la chambre et le roman est fini. c’est généralement à ce moment-là que le roman de Stendhal commence. »

Sa manière à lui de dire qu’il se situe à mi-chemin; entre l’un et l’autre… N’est pas Giono, qui veut!

Les références? Un entretien avec Jean Carrière, passionnant!

Écrire… RETOUR EN TERRE SÈCHE

Vous l’avez lu ou pas encore, le petit noir…

Je l’ai déposé dans les librairies d’Aix , d’Arles, de Forcalquier, de Manosque et plus; Marseille bientôt ; dans nos maisons de la presse aussi; il est présenté sur les sites marchands par la maison d’édition  belge au nom joli: MURMURE DES SOIRS.

De quoi parle RETOUR EN TERRE SÈCHE? La quatrième couverture vous dit l’essentiel , c’est à dire si peu…

Vous savez, on a toujours besoin de lever la tête, sinon on s’écroule, rabougri… Alors, comme la chèvre de Monsieur Seguin qui regardait sa montagne en pensant que son enclos était bien petit, j’ai regardé la mienne, aimée, là-haut, vers Lure et encore au-dessus. Toujours les Alpes-de-Haute-Provence, presque la Drôme… Lu et relu Giono et son homme qui plantait des arbres; marché, musardé, peiné sur les chemins désertés du Contadour et du Négron.

Un hiver bien froid, une pause à St André de Villesèche… Reliquat de neige et de gens partis depuis longtemps; des corneilles qui se sentent dérangées. Là et un plus loin, les souvenirs lus et entendus du maquis de la guerre des aînés. L’idée surgit de débrouiller en écrivant ce pêle-mêle. Sitôt fait… Ressasser mène aussi au crime; le petit NOIR était là, le polar, j’entends; juste dans ces endroits où le temps s’est arrêté, où un jour ne dure ni 12 heures, ni 24 heures, mais une éternité où l’on prend le sien, de temps…

Sur fond d’hommage à Pierre Magnan et à ses délicieuses enquêtes, voici le tissage personnel de cette toile où l’homme s’est englué dans ses mauvais sentiments…

On en reparle si vous voulez.

Un autre récit suit, en bilingue, chez un éditeur italien cette fois; mais chut…

Retour en terre sèche Elisabeth Groelly_couv_00

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