Évidence…La mort a vécu, elle vit, frappe et elle sera encore.

Nous, ridicules, devant ses exigences.

Seul ou épaulé; cela ne dépend pas d’elle, mais d’une volonté de l’humain, de son courage, de son envie, oui!

Fratrie ou non fratrie; famille ou non.

On signe seul des registres, des sommes, des constats, des états des lieux, des devis… On met en place, seul, la suite; succession à venir. Mais tout a déjà été fait, en bon ordre.

On vide, seul, l’ultime chambre; peu d’effets en effet. Le pyjama de ma mère qu’elle portait ce vendredi-là; vrillé, mais tout propre dans une bassine. Une bouteille d’eau entamée avec la trace de ses lèvres qui n’avaient plus soif; le linge dans l’armoire qui attendait, fidèle,  de servir son corps,  le papier toilette, au bout du rouleau; le seul que la morte ait peut-être eu; si peu de temps au fond, prisonnière de SA maison de retraite qui n’était pas une maison, pas la sienne; une chambre de luxe tout au plus… Un mois et demi…pas plus. Et la grande valise qui attendait, elle aussi, décembre, pour repartir au grenier; ça peut toujours servir, auraient dit les vieux. Exit la valise. Exeunt aussi  toutes les photos où l’on transportait sa vie dans sa valise. Marseille 1947, portrait d’un jeune couple… Edmonde, pas encore 18 ans et Pierre, 10 de plus.

Entre temps il y a eu le grand débarras, thanatopraxie oblige; il y a eu Noël; il y a eu des coups de fil, des allées et venues, du silence et, pour ma mère, le temps parchemin sur son lit dans le noir … à la place du mari, à la place du fils parti trop tôt.

Réflexions de vivant, encore un peu, avant le retour du cycle… Seul avec l’Ennemie.