Recherche

miscellanees2015.online

Ne pas se laisser pétrifier par la neige qui tombe lentement chaque jour…

Mois

décembre 2016

Rites de passage…

Vous savez, ce n’est pas l’envie qui me manque de vous souhaiter mille choses heureuses ou de vouloir qu’on s’embrasse comme des courges, mais  je vais vous proposer d’attendre un peu ; l’année prochaine, peut-être , nous y verrons plus clair…enfin,  je l’espère. Le tissu sera peut-être ravaudé, ramendé, raccommodé, c’est comme vous voulez, enfin presque. Notre bonne volonté d’humain est en jeu, notre responsabilité aussi, c’est juste, mais nous sommes des pots de terre que l’on casse au moindre vent ; pardon …que des pots de fer  cassent en rien de temps. Alors si vous pouvez attendre un peu, il me semble que ça ira mieux… il me semble. L’avancée du monde se sera ravisée, dans sa destruction organisée, dans son rétrécissement progressif. Et puis aux quatre coins de celui-ci, les chefs sensés qui sont élus ou en passe de l’être vont tenir leur parole ou mieux, révisent déjà les meilleures intentions qui soient. Faut faire confiance sinon on freine tout progrès et toute espérance. Car ça sert à quoi de répéter qu’on n’y croit plus, de se laisser influencer par ceux qui veulent la révolution, ou menacer par ceux qui mettent des pétards partout pour faire peur ; ça sert à quoi de désespérer, dites ? Petitement, avec les moyens du bord, ne laissons-pas tomber, nos petits nous regardent… Souvenons-nous d’Antoine ( non , pas celui des chemises à fleurs), l’aviateur, ça vous parle, SAINTEX, quoi…Il disait qu’aimer ça voulait dire regarder ensemble dans la même direction ; c’est bien , la formule ; et même que je trouve beau le mot ensemble ; vous ne trouvez pas qu’on l’utilise de moins en moins ? Allez, j’avais l’âme vague mais une bonne intention ; celle de vous serrer bien fort pour continuer à vivre encore une année, les yeux ouverts et l’esprit sain (pardon du peu, mais l’absence du  T fait toute la différence…) Je vous aime bien, alors j’ai pensé qu’on pourrait faire mieux en 2017, non ? En tirant des leçons de l’autre 17 minable d’il y a cent ans…En ces temps retournés, à la paix, on n’y croyait plus. Nous on va s’ y atteler, dites-moi oui ! Dans l’intervalle, tenons-nous chaud…

IMG_2856.JPG

3. La tablée de Noël.

arbre-la-tablee

 La tablée des solitudes. Face ! 

*Ce qu’ils disent.

**Ce qu’ils pensent.

Stéphane à Sauvage, à Élisabeth et à Jonas :

* Notre oncle, notre tante et notre père, vos petits neveux et petits-fils vous offrent ce soir leur carnet de notes tout frais ; soyez fiers d’eux et dites-le leur ! Ils vous feront honneur dans l’avenir, vous verrez ; ils ont quelque chose à vous dire, écoutez-les !

** Il ne me regarde même pas ce vieux goujat, j’insiste pour Bé, elle me l’a demandé, si ce n’était que moi, je ne serais pas venu ; des dégénérés, ce clan! Bérangère vient pour sa tante, uniquement. Une mère pour elle, Élisabeth !

 

Bérangère à Tom et à Sam :

* Vous êtes prêts, les enfants ; c’est maintenant qu’on va vous écouter ; allez ! Mettez-vous derrière tante Élisabeth ; elle va vous tenir la partition ; non, pas celle-là; l’hymne à la joie, on a dit, et Jade va chanter les paroles ; pas trop vite Jade ; toi, Romain, tu murmures seulement, bouche fermée.

** De toutes façons, personne n’écoutera, autant se faire plaisir et mettre en valeur les gosses ; après tout, c’est la soirée des enfants ! Et puis ça va apporter une note de bonheur, elle en a bigrement besoin la famille ! Je viens chaque année avec plaisir et d’un coup quelque chose se casse avant même qu’on se soit parlé.

 

Jonas, le grand-père, à la cantonade :

* Sauvage, le vin n’ira pas, tu baisses, l’aïeul ; je descends chercher trois bouteilles de Chablis ; je te les remplacerai, à moins que tu les offres, vieil avare. Débarrasse-toi de ces choses avant de passer l’arme et tu ne paieras plus l’ISF, conseil de frère !

** Quel ennui, mes filles ce soir ; et tous ces enfants qui me pompent mon air de tranquillité ; qu’ils aillent au diable, tous avec leur besoin de reconnaissance et de réussite. Et mon frère qui fait semblant d’être généreux avec ces boit-sans-soif qui m’emm…

 

Élisabeth, sa sœur, à Sancie, dite ELLE, sa nièce :

* Parle à Habib, il va t’aider ; je ne peux rien moi-même, il est grand, Jean, et c’est le portrait de ses oncles, tu le sais ; ne t’accroche pas à lui, sois digne et ne renonce pas pour un homme à ton indépendance ; même si c’est mon fils, ce n’est pas un garçon pour toi. Allons, Sancie, il est temps que tu grandisses !

** Il boit trop, Jean…il n’ira pas bien loin, ni avec ses femmes, ni avec la vie ; j’ai fait ce je devais faire, tant pis pour lui, maintenant. Comme il m’est devenu indifférent, mon gigolo de fils…

 

Gérarde, à Bérangère :

* Sois plus rapide, ma cousine, tout va refroidir ! Alors ils sont prêts tes gnomes ? NOOON ! Vous n’êtes en mesure, reprenez les enfants ; on ne peut pas laisser assassiner Beethoven comme ça ! Et toi (à son mari), tu ne dis rien bien sûr, comme d’habitude !

** Seigneur, qu’ils sont vieux tous ! Des moribonds, les anciens ; pas question que je m’occupe bientôt de l’un d’entre eux ; le seigneur a bon dos, mais moi le seigneur, je lui dis m…car il ne m’a rien donné, rien apporté, rien de rien…Quant aux illusions, elles sont dans mon testament avec ma haine de la famille!

 

Claudien, à son beau-père :

* Restez-donc assis, j’y vais ; dites-moi juste où les trouver vos bouteilles. La zizique peut attendre ; les enfants, stop ! De toutes façons vous jouez faux, elle vous l’a dit votre petite tante ; révisez pendant mon absence…

** Il est vraiment temps que ça s’arrête, cette famille, mais je n’ai pas le courage d’en trouver une autre, et puis, à mon âge, il faut se contenter de ce qu’on a ; c’est ça : se con-ten-ter, comme quand on se masturbe…

 

Diane à Sven :

* T’es bien mignon, toi, t’étudies quoi au juste ? Et pour faire quoi ? Diplomate, chez toi, avec toutes tes langues ? Moi, j’en ai une et je m’en sers, pour casser et pour aimer ; elle t’a rien dit de moi, Flavie ?

** Et l’autre qui me mate. Il a dit à ma mère que j’avais un plus beau cul qu’elle. Heureusement qu’elle a rencontré ce journaliste… un sacré beau gosse ; mais je vais pas quand même le lui piquer ; non, pas encore… Diane, tiens-toi bien !

 

Flavie, à Tanée :

* Arrête, je ne suis pas aussi douée que toi, ça ne sert à rien ; j’ai pas les bons profs en plus et maman ne veut pas me changer d’établissement. Mon père s’en fout carrément, tu sais ça toi qui le connais depuis toujours ; c’est pas son truc les études. Et puis je vais redoubler ma seconde, alors j’ai du temps.

** Elle ferait mieux de se faire sauter de temps à autre, la tantine ; je vais quand même pas lui ressembler plus tard, déjà qu’ils me disent tous, la gueule enfarinée, en faisant des mines « à ton âge, c’était tout toi, Tanée ! » Moi je veux pas être comme Tanée, momifiée à cinquante balais ! Dieu du ciel, si tu existes, aide- moi, please, et bouge-toi !

 

Tanée, à Habib, son neveu :

* Toujours ton cabinet chez les pauvres ? Pourtant, j’ai souvent pensé qu’ils étaient plus heureux que les autres ; pas le temps de se pencher sur leur ego avec leurs préoccupations quotidiennes ; c’est un luxe de déprimer ; si je résume, tu vis dans un mauvais quartier, pour la forme, mais tu soignes les plus argentés qui viennent d’ailleurs ; pas bête… tu fais un prix pour la famille ?

** Forcément, avec une mère pareille, il ne pouvait pas être bien d’aplomb, le neveu ; entre mon frère et Jean, il n’y a pas de quoi crier cocorico ; que des cabossées multicolores ; c’est comme la consanguinité… Si c’est un choix, ça ! Mon oncle aurait mieux fait de continuer avec sa cousine ; pas de métissages, au moins !

 

Jean, à Armando, l’italien :

*J’entends, tu as des charges élevées et tes impôts sont hallucinants, mais c’est que tu as des sous ; ne te plains pas ; C’est vrai, c’est vrai, toujours les petits patrons qui supportent tout, je te l’accorde, mais tu te mets du côté du salarié dont le salaire n’avance pas ?

** Limité, le bonhomme ; aucune envergure avec ça ; dire qu’il fait nini- nouna à mon ex’ ; pas possible, je suis certain qu’à l’heure qu’il est, connaissant Carrie, elle en a un autre. Dommage que je n’ai pas su être à la hauteur avec mes petites fugues… Carrie, je t’en prie, reviens, je te promets…

 

Maria- Sara à Carrie :

* Si tu as une solution, je veux bien que tu me la passes ; on se dispute sans arrêt et elle demande toujours plus ; son père lui dit constamment : « parles-en avec ta mère, moi, tu sais… » À quel âge, elle a pris la pilule ta fille ? Tu l’as accompagnée ? Tu l’as apprivoisée comment ? Pour le reste, tu lui donnes beaucoup d’argent par mois ? …

** Elle fait tout mieux que les autres, de toutes façons ; et Jean qui la bade…Je temporise avec elle et avec lui, mais je vais pas tenir ; je sens le clash arriver, c’est inévitable. Je n’ peux même pas faire du gringue à son c…de mec ; il est minable ! En plus, je suis sûre que Jean ne serait même pas jaloux. Rester, partir. Je parle comme Hamlet, maintenant ! Et Megan dans tout ça ?…

 

Betty, l’amie de Maria- Sara, à Daniel :

* J’aime beaucoup être parmi vous ce soir ; vous êtes très différents tous, mais vivants ; je n’ai pas cette chance ; aucun parent et deux fils qui vivent à l’étranger. Merci grandement, vous le répercuterez, j’en suis certaine. Une question, c’est bien vous qui avez travaillé sur la nuit arctique ? L’article dans Science et Vie sur les aurores aussi ?

** Maria- Sara m’a dit qu’il était libre, que j’avais peut-être une chance…Je veux bien mais quel glaçon, cet homme ; comment faire pour casser l’iceberg ? Il ne sait dire que oui et non. Faut que j’y aille carrément ? Du genre : je peux vous voir après Noël, je vous donne mes coordonnées…Après tout, je risque quoi ?

 

Daniel, à Betty, puis aux enfants :

* Non, je vous en prie… Oui, je le dirai à tous… Oui, le géographe, c’est moi… Non, pas difficile de voir une aurore… Oui, il faut attendre… Les jumeaux vous êtes prêts ? Je vous guide si vous voulez, il ne faut plus attendre !

** Que c’est compliqué tout ça, les vieux, impatients de manger, les jeunes, impatients d’en finir et nous le purgatoire, impatients de vivre. Et moi, je fais quoi de cette douce Betty, pas sotte du tout, après la soirée ?

 

Sauvage, à tous :

* La famille, vous êtes encore là, je vous en remercie ; notre vieux père Charles aurait pleuré de joie ; tu te souviens, Élisabeth de ses discours interminables où il passait l’année en revue en nous épinglant tous au passage, comme le père Noël : « François, tu n’es pas assez vigilant dans les investissements ; Jonas, tes crises de jalousie me sont insupportables, quand deviendras-tu raisonnable ? Élisabeth, tu te maries quand ? Nous ne t’avons pas élevée dans la frivolité, ta mère et moi… » Alors mes enfants, tous réunis ce soir, savourez votre bonheur en famille, car moi, je ne vous dirai rien d’autre que Droit devant, Vivez ! J’aime les directions et pas le piétinement frileux. Une bonne nuit qui dure, gens de la table de cette fête !

** Ouf, fini le discours ; mon œil, la magie de la fête ; dès qu’ils seront repartis vers leurs vies de cloportes, ils seront de petits singes bien disciplinés qui vont tomber l’un après l’autre dans la maladie, le chômage, la désillusion et l’oubli…Comme dans les dix petits nègres de la mère Agatha. Un petit nègre se retrouva tout seul, il alla se pendre et il n’en resta plus un seul… Au fait, c’étaient des nègres ou des indiens ? Ma tête me lâche…

 

Jonas, à lui-même, cette fois, et prenant en dérision le discours de son frère :

** Oui, c’est ça, parle au nom de la famille alors que tu t’en fiches comme d’une guigne, que tu l’as toujours dépossédée, avec tes comptes faussés et tes bilans alarmants. Si je parle, ce serait pour te défoncer, mais il y a prescription. Maman est morte dans le chagrin de nous savoir fâchés, aussi je me tais pour ta descendance et la mienne ; pour qu’ils y croient un peu à la famille, encore un peu; un tout petit peu. Ils verront, au premier testament, chez maître Renaudet, comment elle fonctionne. S’ils ne sont pas bêtes, ils vendront, pour se désengluer, se défaire de la gangue familiale qui vous serre jusqu’à l’étouffement…

 

Habib, à Tanée:

* Ma tante, je pratique où j’ai pu trouver un cabinet et je soigne indifféremment les uns et les autres, des hommes et des femmes, écrasés par la société, rejetés par elle. Dois-je vous rappeler que maman a choisi d’en finir parce qu’elle n’avait pas sa place dans le monde du travail et elle ne parlait pas assez bien, elle n’était pas dans le bon moule. Pas sa place non plus dans la famille et vous le savez bien, tous, les Chaix-Lantheaume, dont je suis, ne vous en déplaise…

** Ça me coûte de lui rappeler cela, repas après repas, cette souffrance de ma mère… Si Tante Estelle pouvait, un jour, arrêter ses sarcasmes sur tous et toutes. Mais c’est vraiment trop enkysté chez elle. Pourtant, avec moi, elle a toujours été bienveillante, elle m’a toujours gâté et suivi durant mes études. Gentiment, même ; je m’expliquerai avec elle, une nouvelle fois, hors tablée.

 

Carrie, à Armando, à voix basse :

* Je te demande de ne pas trop boire, nous avons les ados avec nous…

 

À Maria-Sara, parce qu’il faut lui répondre :

* Excuse-moi… j’ai parfaitement confiance dans mes deux filles, on se dit tout et je les aide beaucoup ; Armando, confirme ! Un instant, Habib m’a posé une question…

 

À Habib, parce qu’il est sensé :

* Avec leur père, si ça se passe bien ? Dans le meilleur des mondes. Chacun des pères gère ; il ne faut pas trop écouter les filles…

** Qu’est –ce qu’ils ont tous à me fliquer ce soir ? Pas assez dure, la vie comme ça ? Pourquoi ils m’ont encore invitée ? Je suis tarte, j’aurais dû refuser, mais passer Noël à quatre, pas la force ; il sent bien lui, que je vais le larguer ; trop tard pour jouer minou-minou. Un coup de tête, l’italien. Et Jean qui me fait des appels de phare ! S’accrocher tous comme ça, ils sont impossibles …

 

Armando, à Maria-Sara, puis à Jean :

* Vous avez vu les Trulli, et le golfe de Tarente, vous l’avez fait ; je vous avais dit que c’était top. Et vous avez poursuivi sur la côte Amalfitaine en remontant au moins ? Quel vin vous avez rapporté ? Vous avez fait le circuit que je vous avais indiqué ? Ne dites pas que vous n’avez pas eu le temps de rentrer par les Cinque terre, sinon vous n’avez rien vu…

** Il fait le beau, ce mec, mais il n’a pas un euro vaillant ; il parle, il parle ; et puis ses regards faux-culs sur ma femme, je supporte plus ; je crois que je vais le démolir, vite fait, bien fait, non, mais…

 

Megan, à voix basse, sur son téléphone :

* Nuit de Noël chez les bourges ; bien décoré, il manque rien, les meufs sont belles, même ma mère et sa copine ; ils se tirent un peu dans les pattes, tous, mais c’est la famille qui fonctionne comme ça ; à prendre ou à laisser ; mon choix : ni un, ni l’autre, j’attends ; je pose ma prose (waouh, fallait le trouver !) pour mon scénario à venir ; j’aime bien les bébés parce qu’ils vont chanter ; ils y croient dur à la fraternité , à l’Europe, à la bonté ; moi aussi d’ailleurs ; pourquoi j’ y croirais pas, ça peut arriver… Cher dicta- phoneux, ce soir, tu écoutes, je sens que je me prépare un réveillon pas seul ! Un peu vieille, la Diane, mais faut voir… Vive l’Europe, les petits, chantez je vous suis.

 

Sven, à Diane, parce qu’elle l’assaille de questions :

* Non, je n’ai pas pu …bien sûr que je suis triste…Ah tu connais Larsson, c’est vrai ? C’est comme ça, chez nous la fête de Noël ; beaucoup d’enfants chez moi et en plus, il y a les cousins ; on danse, on s’aime beaucoup, c’est simple, c’est comme ça ; si tu veux, je te raconte…

** Je ne peux pas lui parler de papa qui a disparu et de ma mère qui est devenu folle, ça non, c’est pour moi seul ; pas à Noël et ça n’intéresse que moi. Flavie ne sait pas.

 

Sven à ELLE, parce qu’elle est douce et plaisante :

* Non, ce n’est pas pareil, enfin, oui, les lumières, le repas, oui, mais on fait la fête avant, au début décembre pour la lumière, même à l’école ; on est habillé en blanc les filles, les Lucie et nous, les Stjärngossar avec nos étoiles ; elles ont des bougies et les garçons des lanternes ; on apporte la lumière avant le Christ qui viendra pour augmenter le jour… oui, vous avez raison, c’est comme chez le peintre ; il a tout décrit, c’est comme ça que ça se passe… Vous connaissez aussi cette histoire? Ma grand-mère voulait que je m’appelle Niels ; maman a dit que je n’allais pas être sage comme lui, si j’avais son prénom…Je parle bien français ? Je l’apprends toujours, c’est beau votre langue…

** Elle est gentille, cette femme, Flavie me l’avait dit ; « elle est trop sensible, ma tante, tout le monde en profite ; je vais t’installer à côté d’elle ; tu verras, elle sait plein d’choses ; » c’est vrai, comme ma mère avant sa maladie, elle m ‘écoutait beaucoup elle aussi… je l’embrasserai quand je partirai pour la remercier, Souci(1) , c’est comme ça qu’elle s’appelle je crois ; je ferai une bise à la grand-mère de Flavie aussi car elle m’a bien accueilli ; les autres, ils n’ont même pas dit bonjour…

(1): Sven entend Souci au lieu de Sancie.

 

ELLE, aux égarés, comme elle :

* Mon oncle et tante Élisabeth, si vous me le permettez, je voudrais parler de la joie ; ce sera court. Car la joie est impalpable et vous ne le savez pas. Si on se plaint ou si on si on crie ou si on est amer, elle ne peut pas surgir, elle est prisonnière ; mais si on écoute un peu, si on s’arrête de parler, alors elle vient et elle grandit devant nous et on est heureux. Papa, ne secoue pas la tête, c’est vrai ce que je te dis, essaie un peu et toi mon oncle, fais comme ta sœur, sois attentif juste quelques minutes ; ne ris plus en te moquant. Ce n’est pas une leçon que je vous donne, c’est simplement que je suis heureuse ce soir au milieu de vous et que je tiens à vous le dire. C’est une belle fête, jouissons-en !…

** Ouf, j’ai réussi ! C’est tout de même magique cette nuit comme disait grand-mère… « Tu verras, chaque nuit de noël reviendra, chargée de toutes les autres ; comme une petite boule de neige que l’on roule dans la grande neige et qui grossit, grossit, grossit jusqu’à faire un gros bonhomme heureux que l’on habille pour qu’il n’ait pas froid ; c’est ça Noël, souviens-t-en toujours, ma chérie !

 

Sally à tous :

* Mais taisez-vous ! On ne peut pas démarrer ! C’est Noël et c’est comme d’habitude : ça crie et ça dispute. STOOOOOP !

** Après, ils me font des leçons ; que je suis bavarde, que j’écoute pas en cours, que je parle pour rien dire…les chiens font pas des chats, dit la mère de ma copine…

 

Romain psalmodie et Jade chante : C’est l’Europe qui nous entraîne vers d’autres lieux, vers d’autres gens, Bientôt nous serons les mêmes, sans la guerre et du bon sens. Chers aînés, parlez encore de ces-es temps pas si lointains ; Guidez-nous, nous serons forts-orts, pour nous trouver prêts demain… Tom est au violon. Sam est à l’orgue électrique. Les jumeaux se taisent, sous le charme des notes de Beethoven et de la voix magique de Jade qui grimpe jusqu’aux sommets de la pureté du monde au soir de Noël.

 

Fantaisie grinçante. Égroelly. Noël 2016.

2. La tablée de Noël.

arbre-la-tablee

Sauvage a fait son discours d’accueil ; jamais passéiste, quoique… Bien pensé, son laïus, avec un mot pour chacun. Il insiste toujours un peu quand-même sur ceux qui étaient présents l’année précédente et qui s’en sont allés dans leur course d’humains : le frère aîné que l’on appelait « Thésard » parce qu’il était le seul, avec son neveu Daniel, fils de Sauvage, à avoir mené une thèse jusqu’au bout, mais surtout parce qu’on lui avait donné le prénom magnifique de Thésée. Il lui semblait avoir dit l’essentiel à cette gigantesque famille de bavards, aussi était-il devenu tout simplement taiseux. Un amalgame facile, que celui de Thésée, le thésard taiseux… Qui manquait à l’appel aussi, c’étaient les deux fils de la fille de Thomas, Gérarde, qui ne souriait jamais, même quand les garçons habitaient encore chez eux ; « une enquiquineuse- grand- CU bourgeois », ne se gênait pas de dire le vieux patriarche de Sauvage, en omettant sciemment le « R » de cru… Ce qui amusait le mari de la dame, le discret Claudien qui, rentré chez eux, se ferait tancer par l’enquiquineuse sous prétexte qu’il ne l’avait pas défendue en contredisant le grand-père de sa femme. Quant au père de celle-ci, Thomas, resté fâché avec Sauvage pendant vingt années, il s’était abstenu de toute intervention sachant qu’une phrase, si innocente fût-elle, pouvait entraîner dans cette famille de querelleurs-nés, un cataclysme de forte magnitude. Échappaient à la règle le troisième fils, Daniel, veuf inconsolé et père aimant de son Habib de fils, le psychiatre de tous, qui ne le lâchait pas « parce qu’on ne sait jamais » … et puis, tante Élisabeth ; les deux, neveu-tante, se moquant « du tiers comme du quart » suivant l’expression de la famille, colportée par Sauvage. On avait oublié que Sauvage, qui allait avoir, en janvier, 79 ans, s’appelait surtout François. Dans la famille, on aimait les surnoms qui égratignaient un peu … François-Sauvage, donc, avait fait aussi ce soir-là, à l’intention de sa sœur et de son frère, un discours presque gentil qui rappelait leur enfance autour de la table, les bons mots de leur père si jovial et les escargots verts de la mère qui, avec ce mets, clouait le bec à tous, le temps de la dégustation ; il fallait se débrouiller de ses doigts sales avant de remercier de contentement. Élisabeth, sa cadette de quatre ans, avait insisté, elle, sur la descendance et rappelait les fêtes de mariage où la famille battait, insouciante (Oups ! elle avait failli dire inconsciente) son plein de bonheurs. Jamais un mot aigre ni chargé de déception chez la mère de Jean quand il changeait de compagne. C’était une femme heureuse et libre, tante Élisabeth, depuis toujours et elle le resterait sans doute jusqu’au bout de son temps. Puis elle avait passé la parole à Jonas, son petit frère. De plus de soixante dix ans tout de même… Elle la redoutait, cette parole ; de quoi encore allait-il se plaindre, ce garçon ? Qui, ce soir, à la tablée, allait-il frapper d’anathème ? ELLE, sa fille, allait intervenir après lui, comme c’était son habitude, pliant sous les méchancetés de son père, un homme jaloux et mesquin ; et qu’on ne pouvait contrôler…Il l’avait détruite, cette fille intelligente et fine, dont on ne se souvenait même plus du joli prénom qu’elle portait : Sancie, comme la troisième fille, du comte Raimond de Provence, la petite reine malheureuse tant aimée pourtant de son beau-fils. ELLE-Sancie était, depuis toujours, amoureuse de son cousin; depuis l’enfance. Il avait sept ans seulement de plus, Jean. Elle garderait secrètes leurs premières expériences et celles qui suivirent un certain temps… Un cousin germain, ça ne doit pas se savoir aussi essaya-t-on de le bien cacher… Depuis, Jean, à quarante-huit ans, avait eu le temps de l’oublier, la douce Sancie de son adolescence ; il était si coureur, le cousin…Ce qu’il restait chez lui et pour tous les autres d’ailleurs, c’était ce pronom en guise de prénom : ELLE… Seulement ce mot. Et chez Sancie, une admiration indéfectible pour Jean. Tanée a voulu prendre la parole avant elle, le privilège de l’âge sans doute… Son discours était déjà inscrit dans la tête de tous ; en trois parties : premièrement, deuxièmement, troisièmement, comme au temps de l’école militaire, le Prytanée, d’où elle était sortie major de la promotion, affublée pour la vie du surnom qu’elle portait désormais, la fière Estelle, dite Tanée. Au troisièmement seulement, elle a félicité les jumeaux Lefèbure : Tom et Sam qui étaient ses filleuls. Ils étaient les seuls à avoir grâce à ses yeux, car eux, au moins, avaient sauté une classe, eux, au moins entreraient en septembre dans une section musicale et européenne, eux, au moins avaient une éducation digne de la famille. Son discours omettait bien-sûr les EUX, AU MOINS, mais à peine… Bérangère, la sœur cadette de ELLE, se faisait toute petite et Stéphane « le conjoint » gardait ses distances de normand avec cette famille envahissante et sélective du midi de la France. Courtois, il l’était avec tous, l’espace du temps de la fête… car c’était Noël avec son traîneau de belles choses, son esprit de lumière qui, en sa tablée, allait descendre quelques heures seulement sur les membres réunis.

A suivre…

FullSizeRender 3.jpg

1. La tablée de Noël. Conte de saison.

 

arbre-la-tablee

 

La tablée de Noël. Pile !

Décor de quelques heures, factice de déguisement et de transformations dans l’espace ; ça ne va durer que ces courtes heures, on le sait bien. À vingt six à table, on ne fera pas grand chose ; plaisir aux anciens tout au plus, mais lesquels ? La vie est ailleurs qu’autour d’une table, et ce temps, qui va s’éterniser, lui est volé chaque année par consentement forcé.

ELLE observe Jean qui est calme, pourquoi ne le serait-il pas, il n’a rien à faire ce soir ; à son tour il guette les réactions de Carrie, la mère de sa fille aînée, laquelle ne regarde rien ni personne, elle attend. Diane, la première fille de Carrie, elle, parle à voix basse avec Flavie, sa demi- sœur, qui se trouve à sa droite et avec Megan, leur « cousin » qui lui fait face. Leur cousin… Comment dire les choses qui n’ont pas encore d’appellation ? Flavie a invité ce soir, Sven, un boy friend, grand suédois, interne au lycée international de Flavie, qui n’a pas pu rentrer chez lui pour Noël, « faute de thune », c’est du moins ce qu’elle a dit à sa grand-mère Élisabeth, Flavie, en insistant sur la différence entre boy- friend et boyfriend. On devrait apprécier la nuance. Tous les quatre sont comme au lycée, seuls, mais ils n’ont rien à craindre, la vie, après le repas, leur appartient de toutes façons. Megan est assis à côté d’Armando le beau père de Diane, une autre « cousine » dont il sait qu’elle ne l’est pas, ce qui contient des possibles. Ce beau-père, on aurait pu le placer ailleurs ; quand il a bu, Armando, il se met à lui faire des confidences et l’adolescent ne comprend pas ce qu’il lui dit, tant il se raconte de mensonges, cet homme-là, mais au fond, ça lui est égal, il peut toujours parler, Megan a ses Apps et il joue ; et puis il y a ses « cousinettes », aussi perchées que lui, ça le sécurise. L’autre, le vrai beauf’ ou l’Armand, comme on le désigne dans la famille, se parle à lui-même, comme le plus souvent. Comment Carrie a-t-elle pu finalement se laisser épouser par un imbécile pareil ? Il n’aime pas qu’on lui coupe la parole, mais quand il l’a, il ne la cède plus et il n’écoute pas les autres; il insiste, mais ce qu’il dit n’intéresse personne, même pas Carrie qui pense à Doug qu’elle a laissé à sept heures à l’aéroport pour trois semaines. Quant à Jean, son ex’, qui ne la quitte pas des yeux ce soir, parfois il lui prend des envies de le revoir et de refaire un tour avec lui ; faire l’amour fut leur seule réussite, avec Flavie bien sûr. Jean l’a toujours regrettée, sa Carrie, et tous le savent, même Maria-Sara sa nouvelle femme, qui lui a pourtant fait leur bout d’chou de Sally. Maria-Sara, avant Jean, n’a pas eu la vie facile et elle a sauvé de justesse son grand Megan des griffes de son père qui, bonheur pour tous,  est « à l’abri » grâce aux vingt ans qu’il a pris pour proxénétisme et tout et tout. Il reste, chez l’adolescent, des souvenirs vagues de saleté et de violence qui, à dix-sept ans, avec un peu d’énergie et un entourage aimant, s’estomperont peut-être. Maria-Sara veille. Sur tout d’ailleurs ; sur les œillades de son mari en direction de Carrie ; sur la solitude des autres. Betty, l’amie délaissée, est là ce soir pour glaner un peu de chaleur humaine. Ses enfants ne l’ont pas encore appelée ; pourtant, c’est Noël… Alors elle est venue car l’oncle Sauvage, le plus vieux de la tablée, malgré son côté ours mal léché, fait comme au temps de ses parents ; il fédère et rassemble ; il invite, il ajoute, il inclut… ELLE, sa nièce, est comme lui. Elle s’attache à ce qu’à chaque Noël, reviennent les mêmes enfants, frère et sœur de l’assistance. Jade et Romain font partie de la famille désormais et ils assistent aux repas de toutes les fêtes de l’année ; quand ils rentrent au centre, ils ont la tête pleine de gens, d’activités, de petites délicatesses, de famille en somme, car les cousins les attendent, disent-ils ; Les cousins ! Quelle valeur à leurs yeux d’enfants…

à suivre…

Transformation passive…

Plaisir masturbatoire de la langue française ou étalage pontifiant de ceux qui n’ont rien à faire quand tout a été fait et surtout pas par eux, le passif sera toujours le passif…Pas-sif !

Exemple: Le chat a mangé la souris= forme active; c’est allègre (ou pas), vite fait, bien fait, c’est tant pis pour Minnie… Mais la souris a été mangée par le chat= forme passive; finalement le matou poussif a réussi…finalement…

Au fil des bilans de revues diverses   ou de comptes-rendus de fin d’exercice ou d’année politique, associative, citoyenne ou consumériste, la transformation passive s’étale partout, l’ennui avec… Prenons la phrase :

« Nous avons réalisé 400 euros de bénéfice, invité 199 personnes et offert un pot d’amitié à nos amis de cœur. » ( entre nous, le bénéfice, le cœur, et sa chaleur, tout ça , allez le vérifier!) Au passif, voilà ce que ça donne :

« 400 euros de bénéfice ont été réalisés ; 199 personnes ont été invitées et un pot d’amitié a été offert à nos amis de cœur » ; Ça fait drôle, ce côté coincé, comptable, déshumanisé…  Sans compter  la pesanteur de la phrase. Un soporifique d’assemblée générale! Eh bien il en est qui ne dédaignent pas le passif. Gênés aux entournures ou passifs eux-mêmes ? Faut chercher…

Et chemin faisant, attention aux accords , car c’est là, PAF! qu’on oublie les « S » ou les « ES »… Pas qu’on est mauvais en français, mais on s’en fout  de l’équilibre de la phrase…

De l’équilibre du tout aussi. Car, au fond,  il y a nettement plus  sérieux que ces banalités de gens qui gèrent de petites choses ; plus crucial et plus faux-cul à la fois… Là, la transformation passive touche l’édifice du monde: « Les quartiers ont été pilonnés; des centaines d’enfants ont été retrouvés sous les décombres d’une ville rendue exsangue; des corps continuent à être extirpés.  Il n’est rien fait, dit cet instituteur,  pour nous donner l’espoir. » Ce fatras -là au passif est un constat journalistique qui occulte les responsabilités;  dire qu’il suffirait de formuler les mêmes données à la voix active et on trouverait sans doute mieux les coupables de ce séisme international qui nous glace pour ce Noël sans froid, mais de grande froideur…

Ils nous échappent toujours de toutes façons, les accords. On les tricote ailleurs,  au dessus de ce bas monde…bien au dessus de nous. Mais le constat aussi est bien passif, alors disons quelque chose et tenons nous chaud, à la voix active.

Les lumières…

C’étaient celles du XVIIIè. Aujourd’hui, elles se sont éteintes, l’une après l’autre, de part et d’autre, l’espoir avec. Si! Une seule brille encore, toute menue, dans la neige de Noël autrichienne…5 décembre 16.

fullsizerender

 

Un 2 décembre comme celui-ci…

barrage-de-frejus

Aix, Arles et Avent… Le veilleur.

Le choral du veilleur. Le temps de l’Avent marquait toujours le début des répétitions. Dès la fin du repas, il repartait à La Madeleine et là, dans l’ombre sépulcrale de son espace limité, il s’acharnait sur les jeux, retravaillant la phrase encore et encore. Le quotidien des douleurs et celui bien plus grand des désillusions s’effaçait quand Bach lui parlait et il semblait que leur complicité nous chassait de cette bulle sonore. Samedi, au milieu des cris du marché des Prêcheurs, je me suis glissée dans son antre. Je ne suis pas montée vers lui pour mieux saisir d’en- bas la rondeur du choral, en percevoir la mécanique subtile. Engranger aussi le sautillement des notes, leurs magiques entre- lacs. En le murmurant ce matin, le choral, les premières mesures s’écoulaient, hésitantes.

 sib mib fa sol sol fa fab sol sib lab sol mib fa fab sol re mib

Je voyais bien maintenant où il fallait se préparer à lui tourner la page et je saisissais mieux en risquant un regard oblique vers lui, le moment où le phrasé ne le satisfaisait plus. Il le sollicitait autant de fois que sa rigueur le lui imposait et Bach veillait dans l’atmosphère glacée de décembre. La pièce musicale résumait tous les hivers de l’enfance, là-haut dans l’Est, puis ceux de Provence à peine moins givrés. Car, même Aix est froid. Et terriblement humide en hiver. Ici, pas de vent pourtant, ou si peu. Différente de l’Arles des années de sa jeunesse à elle où soufflait le long des quais du fleuve le redoutable mistral qui léchait le Rhône pour s’infiltrer, patelin, dans la ville figée. De mémoire, les pierres de la Major qui domine le fleuve enseignaient au corps, qui s’attardait dans ce lieu pour l’annuel concert des Noëls d’alors, une préparation matérielle du caveau qui l’attend. Le choral me ramenait aussi à Sainte Claire où, il ne faisait presque plus froid tant notre être crispé en souffrait quotidiennement, tant nous étions LE FROID même ! On nous y avait oubliés, objets dérisoires de l’étude psychiatrique, …

À Aix, la pétrification s’élabore par couches glacées qui s’incrustent en strates patelines sous le manteau épais et jusquedans les bottes fourrées du grand hiver. Dans l’église de La Madeleine, Beau-père, le froid de décembre devenait supportable quand, le dimanche, aux vêpres, vous égreniez ces chorals de Noël pour un public réduit mais qui savait faire la trêve des préoccupations matérielles des fêtes ; et ce public appréciait l’offrande de ces moments précieux. « -Jacques, sois là pour les jeux ; relis ta partition, tu hésites encore quand j’ai besoin de toi. -Pierre, tu as pensé aux programmes ? La couverture ne me plaît pas, mais nous ferons mieux dimanche prochain. Le nombre est suffisant? Dis à Marie Thé d’être à l’accueil une demi- heure avant. – Qui pourra amener Mamée ? Elle tient à « son choral du veilleur » ; vous savez bien que Papé le jouait toujours pour Noël à Cravanche, nous le lui devons ! Un accord tacite entre lui et Le Grand Veilleur… – Babette, monte vite t’asseoir pour le tournement.» Beau-Père… Je n’ai plus froid, enroulée sur le banc de la travée gauche. Là, seulement là où on peut capter les phrases cristallines et paisibles, les notes rares qui vont emplir l’espace, et percevoir, sans pouvoir les retenir, toutes les autres, redondantes qui s’échapperont, inutiles dans l’air frisant des lieux, camouflant à peine le régulier chuintement de l’orgue. Petit oiseau en boule, j’attends qu’il me fasse le signe habituel… « – Madame, vous dormez ? l’église est en chantier. …Le site est interdit au public, c’est dangereux ici. – J’ai rendez-vous pour le concert de demain. Il joue à seize heures trente. Il m’a confié la clé, je dois l’aider à l’orgue. – Vous parlez de qui ? – Monsieur G. joue toujours « le choral du veilleur » en ces temps de l’année. Il dit que l’âme engourdie se vivifie à condition que le veilleur la nourrisse et guette… Venez ! Il a besoin de vous aussi ! – Madame, soyez sensée, Monsieur G. ne vient plus ici depuis longtemps. Le père M. lui a dédié une messe quand il a su… Et puis La Madeleine est fermée depuis trois ans. »

Décembre 2010. À Jean Groelly, mon beau-père.

img_2882

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑