Jeu de vilains, jeux de mains…
… Enfin, c’est ce qu’on nous disait, quand on se battait.
Au dortoir des filles, aussi: » Gardez vos mains sur les draps ! » autrement dit: « Pas au-dessous »… Les vilains, que nous sommes tous, ont de ces idées parfois!
Ce matin, à l’expo-prix du public-pps[1], quand le monde s’en est allé boire son saoul, mon oeil a investi la photo du bas. Un portrait de mains, en somme; pas les deux boules qu’elles tiennent, non, non, pas elles qui attendent, impatientes, d’aller frôler, au plus près, ce coquin de cochonnet ; on n’y est pas encore… Calmes, les boules ! Concentration, préparation… Jamais pareil, le jeu, vous le savez.
Mon œil occulte les boules qui, sans les mains, ne seraient rien. Le regard remonte scrupuleusement, se pose sur les doigts carrés de l’homme, larges, pulpeux où l’anxiété a réduit l’ongle ; mais, coussinets ronds et protecteurs de boules en l’instant. Chaque chose en son temps…
S’offre cette caresse que personne, sauf le photographe[2], ne voit car elle se fait, cachée… Dans le dos. Les boules, dans leur attente de boules, se taisent de bien-être ; se peaufinent un but. L’instant est au laisser-faire. La main, imbriquée dans l’autre qui l’étreint, est sûre d’elle ; le geste suivant lui appartient ; Connaisseuses de vie, les mains ! Quel âge ? Celui d’un homme mûr qui en sait autant qu’elles, mais cherche encore. L’homme a des liens qui enserrent le poil ; bracelet tressé, cet autre de maillons lourds qui soulignent l’être qui le porte ; l’Être soumis au temps qui va passer… Les boules se moquent du JE intérieur qui pense. Lovées dans l’étreinte, elles garderont l’empreinte, quand la délivrance sera… Anticipant déjà le retour dans la main, l’attente suivante.
Va-et-vient du jeu de boules.
[1] Peinture, photo, sculpture. 39ème Salon des Artistes. Château de Bouc- Bel- Air.
[2] Photo « Attente » de Gycéel (Jean-Claude Lenaers)

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