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Ne pas se laisser pétrifier par la neige qui tombe lentement chaque jour…

Mois

octobre 2017

Pistoia, ottobre 2017…

Passaparola…

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Écrire…

Quatre heures. Ma conscience me regarde. Elle ne regarde que moi. Elle expédie les mots parlés, ailleurs.

Ailleurs, les amorces de dialogue, les doutes formulés, les appels de détresse…

Elle s’intéresse à ce qui ne s’en va pas, indélébile et appuyé comme le A majuscule et cramoisi de la faute de Hester Prynne*. À la différence de cette lettre, on ne la voit pas de l’extérieur, mais elle n’est pas paisible pour autant. Elle est là qui cogne, ravivant les entailles ou les manques du parcours. Alors, elle vient se coucher, vivre son trip sur la page. Vous savez bien le fameux flux et reflux de notre rédaction d’enfants, puis celle de l’examen ou les mots viennent en paquets, là, sales et débraillés et qu’on ne va pas gommer dans l’urgence ; puis, l’instant d’après plus rien, mais rien…

Voilà que ça recommence, l’urgence. Ils tombent, les mots, pas jolis du tout. Douloureux, ils saignent. Ils pleurent et l’on ne sait pas comment les égayer.

Au fond, c’est ça, écrire.

Les gouttes du stylo enrhumé, que le coryza de la vie choisit comme messagères. Elle était prévisible, cette déverse. Les points névralgiques des soirées qui n’en peuvent plus, le resserrement somatique qui grince comme une vieille porte, ses joints qui suintent parce qu’ils ne se lubrifient plus ; Le soutien du bocal craque dans ses vertèbres figées sous les atteintes. Tout est grippé et depuis longtemps. On se souvient des cours d’anglais où le vocabulaire de la plainte des choses s’enregistrait ipso facto sous les bruits du magnéto du prof ; creaking doors, leaking roof, whining hinges, hissing rain**

Je suis les choses.

Dis, Dieu du dessus, on naît comme ça ?

Alors je fais quoi, maintenant ?

De réponse, aucune, bien sûr ; lui est aussi paumé que moi.

L’écriture s’affiche qui fait fi de ces questionnements, elle roule sa bosse et ça pleure dur. Ça fait peur,  mais il le faut ; on ne vit pas, calme ni serein. Roule ta bille, ma fille- écriture, c’est ça ; crache du feu, dessine des idées qu’on ne pourra pas relire, des mots déformés comme de vieux oliviers et qu’il faudra caresser pour qu’ils se livrent ; «  bien fait pour toi ! » ; des emprunts aussi se glissent dans les failles de la phrase parce qu’ils semblaient plus doux chez les autres. S’ils ont souffert, les autres, c’était avant ; pas en même temps que nous. La distance est aménité.

Puis il y a eu cet autre moment, fort comme un galet étrange lancé depuis on ne sait où, douloureux comme une décharge. Pour le retenir, ce moment, en distiller ses effets plus longtemps, on rouvre le cahier et puisqu’il sent l’usure et le besoin, on enfouit là, de nouveau, sa joie ou sa misère.

Personne dans notre dos ne copiera ce qui s’écrit. Les gens ont peur des mots comme ils ont peur des autres ; et puis des examens, ils en ont trop passé ; la réponse, trichée, ne les intéresse plus. Personne pour les noter désormais…

C’est comme ça qu’on est seul, scoliotique effréné sur sa page.

Seul à écrire…

Notes :

  • La lettre écarlate. Nathaniel Hawthorne.
  • Portes qui grincent, toit qui goutte, charnières qui couinent, eau qui siffle.

 

De la servitude volontaire…

Une relecture des anciens; une histoire d’un qui s’appelait La Boétie et qui, à 18 ans, après avoir beaucoup lu, s’était fait visionnaire. Un typ’ droit comme on en rencontre peu; souvenons-nous, Montaigne disait de lui, en parlant de leur amitié profonde…

 » PARCE QUE C’ÉTAIT LUI ET PARCE QUE C’ÉTAIT MOI « 

Ici, ils ne se connaissent pas encore, quand le tout jeune La Boétie décrit les hommes comme ils vivent, dans la torpeur et la tiédeur.

Pas une ride , son analyse, lisez plutôt:

… Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente pas à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner… comme le feu d’une petite étincelle grandit et se renforce toujours et plus il trouve de bois à brûler, plus il en dévore, mais se consume et finit par s’éteindre de lui-même quand on cesse de l’alimenter, de même plus les tyrans pillent, plus ils exigent ; plus ils ruinent et détruisent, plus on leur fournit, plus on les sert. Ils se fortifient d’autant, deviennent de plus en plus en plus frais et dispos pour tout anéantir et tout détruire. Mais si on ne leur fournit rien, si on ne leur obéit pas, sans les combattre, sans les frapper, ils restent nus et défaits et ne sont plus rien…

…Les gens soumis n’ont ni ardeur, ni pugnacité au combat… soumis, dépourvus de courage et de vivacité (ils) ont le cœur bas et mou et sont incapables de toute grande action. Les tyrans le savent bien. Aussi font-ils tout leur possible pour mieux les avachir. (Étienne de la Boétie, 1530-1563 Discours de la servitude volontaire.)

Psst… faites- lire le discours à ceux que vous aimez bien et que vous sentez fléchir!

Essere come il prezzemolo

Du persil, chez moi, je n’en ai jamais; il ne pousse pas, la terre est trop sèche… Pourtant la langue italienne, par son expression,  le voit envahir toute chose; essere come il prezzemolo, cela veut dire être partout comme le persil.

Le truc, c’est que  ce n’est pas le persil qui envahit les bons moments mais les squatters , pas ceux qu’il faut aider car ils n’ont rien, mais ceux plutôt qui ont un peu, un semblant de notoriété (bof!) et qui veulent encore plus et vont le chercher en pique assiettes chez d’autres.

Sans vergogne, sans état d’âme et comme la vérole, un jour, sur le bas clergé…Pfff!

En Italie, en octobre, vous croyez que le persil sera encore là, dites?

Tant pis, j’emporte avec moi mon purin d’orties… Radical comme insecticide!

Les causeries du mercredi…

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