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Ne pas se laisser pétrifier par la neige qui tombe lentement chaque jour…

Mois

décembre 2020

Era(s)mus*, pfff…..

Pas dommage ça…

En 2010, je prenais ma retraite de prof d’anglais, en 2020, je me détache d’un pays qui ne veut plus faire évoluer nos jeunes…Je l’aimais à la folie, cette terre attachante où je n’ai connu que des gens charmants qui m’avaient acceptée les bras ouverts…

Nous nous échinions à faire apprendre à nos petits la langue anglaise, subtile et difficile d’approche, mais l’aide que l’on avait en expédiant nos grands ados, là-haut était de taille et nous avions cet objectif pour ceux qui en voulaient plus… le lycée international, 3 mois, puis 6 en terre anglo saxonne ; enfin Erasmus, qui couronnait le tout…

Je n’ai pas l’amour vache car Albion est Albion, ses terres, ses contrées, ses contés, ses différences, son histoire, sa littérature, son cottage cheese, sa clotted cream, ses muffins, ses crumpets, ses scones, son cottage cheese, son stilton, ses…, sa…, son…, non pas vache, mon amour pour elle, mais il est tellement bouleversé, cet amour que, si j’étais plus jeune, je le tromperais, The UK, avec un pays d’Europe!

Quoique.. c’est déjà fait, L’Italie est là à ma porte qui me tend les bras…

Mais quand même, Erasmus, ça me dévisse le moral! Le Brexit est la mauvaise volonté de quelques hommes; qu’en pensent tous mes amis que j’ai chèrement aimés et continue à le faire. À diviser, c’est bientôt l’Écosse qui va demander son indépendance, mais alors le petit père Donne* va se retourner dans sa vieille tombe, lui qui m’avait enseigné que personne n’est une île en soi mais une partie du tout et qu’il fallait rester groupés, comme dans nos trips… en Angleterre justement!

Pssst…notions:

Albion= The Uk = le Royaume uni= L’Angleterre, l’Irlande du nord, le pays de Galles et l’Écosse

  • John Donne, 1572-1641

No man is an island, Entire of itself; Every man is a piece of the continent, A part of the main. If a clod be washed away by the sea, Europe is the less, As well as if a promontory were: As well as if a manor of thy friend’s. Or of thine own were. Any man’s death diminishes me, Because I am involved in mankind.

Personne n’est un île à lui seul mais une partie du tout, un morceau du continent. Si un bout de terre se détache emporté par la mer, l’Europe est ce morceau de terre et alors c’est comme si un promontoire se détachait, si c’était la maison d’un ami qui se détachait, , la tienne peut-être aussi. La mort d’un homme me diminue parce que je fais partout du tout . Alors ne nous demandons pas pour qui sonne le glas, il sonne aussi pour nous.

  • Eramus en latin= nous étions ( passé!!!); allusion au programme d’échanges universitaires ERASMUS entre pays d’Europe. Du nom de Érasme, figure emblématique de la culture européenne.
Article mis en avant

Filles-années 60

Elles sont à l’identique sous l’uniforme: mini jupe mais pas trop, cheveux dans les yeux, dégaine nonchalante, mais pas trop… Tout est haïssable surtout les mots en con…finissant en tion qui fleurissent pour nous embêter: contention, convention, contravention, convolution, contrition, conception… nous on aime ceux qui commencent par contre, contraception justement; des aînées s’échinent à l’obtenir de ceux qui, hommes vieillissant, s’y opposent en circonlocutions qui n’en finissent pas …

Filles-années soixante, grand-mères d’aujourd’hui aux petites-filles libérées, qui vont maintenant jusqu’à haïr les hommes d’une force inouïe, cela s’appelle de la misandrie. Alors là, grand-mère que je suis, je m’insurge… Nous, on les aimait, les hommes; les nénettes, dites-moi ce qui s’est passé entre deux temps?

Avant… Avent…

Le temps de l’Avent est avancé, il reste 12 jours. Avant nous écoutions toujours ce choral…

Le choral du veilleur

Le temps de l’Avent marquait toujours le début des répétitions.

Dès la fin du repas, il repartait à La Madeleine et là, dans l’ombre sépulcrale de

son espace limité, il s’acharnait sur les jeux, retravaillant la phrase encore et

encore. Le quotidien des douleurs et celui bien plus grand des désillusions

s’effaçait quand Bach lui parlait et il semblait que leur complicité nous chassait

de cette bulle sonore.

Samedi, au milieu des cris du marché des Prêcheurs, je me suis glissée dans son

antre. Je ne suis pas montée vers lui pour mieux saisir d’en-bas la rondeur du

choral, en percevoir la mécanique subtile.

Engranger aussi le sautillement des notes, leurs magiques entrelacs.

En le murmurant ce matin, le choral, les premières mesures s’écoulaient,

hésitantes.

sib mib fasol solfa fab sol sib lab solmib fa fab sol remib

Je voyais bien maintenant où il fallait se préparer à lui tourner la page et je

saisissais mieux en risquant un regard oblique vers lui, le moment où le phrasé

ne le satisfaisait plus. Il le sollicitait autant de fois que sa rigueur le lui imposait

et Bach veillait dans l’atmosphère glacée de décembre. La pièce musicale

résumait tous les hivers de l’enfance, là-haut dans l’Est, puis ceux de Provence

à peine moins givrés.

Car, même Aix est froid.

Et terriblement humide en hiver. Ici, pas de vent pourtant, ou si peu. Différente

de l’Arles des années de sa jeunesse à elle où soufflait le long des quais du

fleuve le redoutable mistral qui léchait le Rhône pour s’infiltrer si vite dans la

ville figée. De mémoire, les pierres de la Major, qui domine le fleuve,

enseignaient au corps, qui s’attardait dans ce lieu pour l’annuel concert des

Noëls d’alors, une préparation matérielle du caveau qui l’attend.

Le choral me ramenait aussi à Sainte Claire où, il ne faisait presque plus froid

tant notre être crispé en souffrait quotidiennement, tant nous étions LE FROID

même !

On nous y avait oubliés, objets dérisoires de l’étude psychiatrique…

À Aix, la pétrification s’élabore par couches glacées qui s’incrustent en strates

patelines sous le manteau épais et jusque dans les bottes fourrées du grand

hiver.

Dans l’église de La Madeleine, Beau-père, le froid de décembre devenait

supportable quand, le dimanche, aux vêpres, vous égreniez ces chorals de Noël

pour un public réduit, mais qui savait faire la trêve des préoccupations

matérielles des fêtes ; et ce public appréciait l’offrande de ces moments

précieux.

– Jacques, sois là pour les jeux ; relis ta partition, tu hésites encore quand j’ai

besoin de toi.

– Pierre, tu as pensé aux programmes ? La couverture ne me plaît pas, mais nous

ferons mieux dimanche prochain. Le nombre est suffisant? Dis à Marie Thé

d’être à l’accueil une demi- heure avant.

– Qui pourra amener Mamée ? Elle tient à son choral du veilleur ; vous savez

bien que Papé le jouait toujours pour Noël à Cravanche, nous le lui devons !

Un accord tacite entre lui et Le Grand Veilleur…

– Babette, monte vite t’asseoir pour le tournement.

Beau-Père…

Je n’ai plus froid, enroulée sur le banc de la travée gauche. Là, seulement là où

on peut capter les phrases cristallines et paisibles, les notes rares qui vont

emplir l’espace, et percevoir, sans pouvoir les retenir, toutes les autres,

redondantes, qui s’échapperont, inutiles, dans l’air frisant des lieux, camouflant

à peine le régulier chuintement de l’orgue.

Petit oiseau en boule, j’attends qu’il me fasse le signe habituel…

– Madame, mais vous dormez ? l’église est en chantier. …Le site est interdit

au public, c’est dangereux ici.

– J’ai rendez-vous pour le concert de demain. Il joue à seize heures trente. Il

m’a confié la clé, je dois l’aider à l’orgue.

– Vous parlez de qui ?

– Monsieur G. joue toujours le choral du veilleur en ce temps de l’année. Il

dit que l’âme engourdie se vivifie à condition que le veilleur la nourrisse et

guette… Venez ! Il a besoin de vous aussi !

– Madame, soyez sensée, Monsieur G. ne vient plus ici depuis longtemps.

Le père M. lui a dédié une messe quand il a su…

Et puis La Madeleine est fermée depuis trois ans…

 Élisabeth Groelly. Décembre 2010. Nouvelle.

À Jean Groelly, mon beau-père.

Bach. Choral BWV 645

Que je vous raconte…

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