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Ne pas se laisser pétrifier par la neige qui tombe lentement chaque jour…

Mois

septembre 2016

Enfances…

Un pas, deux pas et puis les autres. Vivre… Les premières fois, on avance emprunté, attentif, étranger. Une crainte qui vient des grands fonds aqueux où l’on baignait au chaud ; on sentait bien toutefois que ce bonheur fermé on le perdrait un jour, et on l’a perdu au jour suivant. Alors, on se méfie. Ainsi sont les enfants au début. Et à la fin de leur temps de grand aussi. La plus grande est d’abord précautionneuse, on lui a dit tant de fois de regarder partout, mais un enfant veut voir et le danger ne se voit pas. La petite fille le sent plus qu’elle ne l’imagine ; une sensation pourtant qu’il est là, tapi, le danger, qu’il peut surgir à tout instant. Ou pas. Elle l’attend pour ne pas être surprise ; sous quelle forme il est, le danger ? Elle n’en a pas la mémoire, elle ne l’a pas connu, pas encore. La petite observe. À gauche, il y a la place …Qui vient ? L’enfant regarde bien, tente un regard au loin ; elle n’a pas perçu, à droite, le panneau qui interdit de rester là ; normal, elle ne sait pas encore lire. Au fond, elle aperçoit la flèche qu’elle cherche toujours quand elle est assise en voiture ; « il faut aller par-là », elle le dit. Elle n’a pas appris l’ordre de marche, seulement celui de la classe : on se met en rang, deux par deux ; inconsciemment elle a reproduit l’ordre : deux par deux. L’ordre… On ne lui a pas dit qu’il se transgresse, qu’il s’oublie, que l’homme passera ailleurs, s’il en a envie. Canalisée, le bout’chou ; un mur à gauche, un mur à droite. Elle n’a peut-être pas peur, elle avance, il le faut ; et puis sa sœur est encore plus petite qu’elle ; elle a besoin d’elle, de son attention, de sa force de grande. La toute petite a confiance, on lui tient la main. Si elle se retournait, on saurait qu’elle a en bouche sa sucette de bébé. À quoi bon l’enlever ? Elle savoure le plein-être des premiers âges. Leur père, ou plutôt leur oncle avait un T-shirt à leur âge orange bien vilain où Grand-mère avait brodé une recette du bonheur avec Snoopy qui disait que ça consistait à avoir son pouce et sa couverture. HAPPINESS IS HAVING A THUMB AND A BLANKET Comme un geste antique, répétitif, que chaque individu en voie de formation répétait, la teu-teu et le dou-dou qui, avant, s’appelait le pouce et le petit mouchoir. La bébée chemine sans se poser de questions ; dites, à quoi on pense quand on se sent guidé ? À rien dans l’instant de cette ville pleine d’interdits, d’impératifs et de petits pièges invisibles… Elle ne peut pas apercevoir ces filles qui sont devant, très loin et que la vie a fait grandir avant elle ; qu’elle a abimées aussi, un peu quand même… Les filles, les quatre, vont dans la même direction, s’enfoncer dans le mystère de la ville sombre où l’on apprend à consommer, à se frotter, à se répondre, à se perdre aussi. Pour les petites, c’est pour tout- à- l’heure, c’est à dire pas encore… il reste un peu d’enfance pour quelque temps à venir. Mais elles ne le savent pas qu’il leur en reste un peu, puisqu’à elles deux, elles sont l’ ENFANCE…

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Déplacements…

Je clique et Maurizio et Nadia m’incitent à revoir  Trieste; alors j’imagine Magris dans son café, des idées plein la tête de voyage… Je me laisse guider.

Vous venez?

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Roussillon…

Le livre en fête, c’est demain; j’y suis, on se voit là-bas?

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Fiesole* ou la traversée d’un siècle…

Venez à Aix le 14 octobre!

Andrea,  Giovanni et aussi Neri vous parleront en Italien et en français de leur ville. Ils se feront, par la photo, par le texte, ou par la voix, les porte-parole des anciens qui sont partis, de ceux qui sont encore parmi nous, des générations intermédiaires.  Souvenirs…

Émouvant!

  • Fiesole, en Toscane, est à 7 km au nord de Florence.
  • Piazza grande, association  aixoise de culture et de langue italienne est la seule gestionnaire de cette conférence.

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Sur France Culture, toute la semaine…

Qui a peur d’Erri De Luca?

Il parle pour celui qui est muet, dit-il.  Muet par crainte ou muet par petit calcul. Muet tout de même.

Lui ne déroge pas aux valeurs.Il en faut, de ceux qui ne vendent pas leur âme, ne suivent pas la masse; la ramènent  en somme. C’est un ami qui est, dans la bibliothèque, tout en haut…

 

Les valeurs.

Considero valore, Erri de Luca*

J’attache de la valeur à toute forme de vie, à la neige, la fraise, la mouche.

Considero valore ogni forma di vita, la neve, la fragola, la mosca.

J’attache de la valeur au règne minéral et à la république des étoiles.

Considero valore il regno minerale, l’assemblea delle stelle.

J’attache de la valeur au vin tant que dure le repas, au sourire involontaire, à la fatigue de celui qui ne s’est pas épargné, à deux vieux qui s’aiment.

Considero valore il vino finché dura il pasto, un sorriso involontario, la stanchezza di chi non si è risparmiato, due vecchi che si amano.

J’attache de la valeur à ce qui demain ne vaudra plus rien et à ce qui aujourd’hui vaut encore peu de choses. J’attache de la valeur à toutes les blessures.

Considero valore quello che domani non varrà più niente e quello che oggi vale ancora poco.
Considero valore tutte le ferite.

J’attache de la valeur à économiser l’eau, à réparer une paire de souliers, à se taire à temps, à accourir à un cri, à demander la permission avant de s’assoir, à éprouver de la gratitude sans se souvenir de quoi.

Considero valore risparmiare acqua, riparare un paio di scarpe, tacere in tempo, accorrere a un grido, chiedere permesso prima di sedersi, provare gratitudine senza ricordare di che.

J’attache de la valeur à savoir où se trouve le nord dans une pièce, quel est le nom du vent en train de sécher la lessive. J’attache de la valeur au voyage vagabond.

Considero valore sapere in una stanza dov’è il nord, qual’è il nome del vento che sta asciugando il bucato.
Considero valore il viaggio del vagabondo.

J’attache de la valeur à l’usage du verbe aimer et à l’hypothèse qu’il existe un créateur.

Considero valore l’uso del verbo amare e l’ipotesi che esista un creatore.

Bien de ces valeurs, je ne les ai pas connues.

Molti di questi valori non ho conosciuto.

• Oeuvre sur l’eau (Seghers)/Opera sull’acqua (Einaudi). 2002. Traduction: Danièle Valin.

 

Se serrer…

…la main. Je ferais mieux de dormir à 4heures du mat’ plutôt que de penser au serrement de main*. Mais je vois le jeu   au lieu de dormir. Je préfère embrasser; ça implique moins …de microbes et d’engagement pur; on tend la joue, petit bisou, puis on parle; d’autres  arriveront qui vous embrasseront et vous laveront.

La main, elle, après qu’on l’a serrée, reste là avec ses microbes, gros , petits, ceux qu’on ne voit pas parce qu’ils procèdent de la même hypocrisie que le geste de la tendre en pensant à plein de fausses raisons ou à rien du tout. Celle qu’on reçoit est molle, ou humide ( mais ce n’est pas la pire…) ou nerveuse, ou intéressée, ou…

Faut se méfier de cette main qui vous prend et vous garde; intention appuyée de dire; « c’est moi et que moi, regardez-moi bien, je suis quelqu’un ! » Et l’autre ne peut pas faire autrement, il ne vous voit déjà plus si tant est qu’il vous ait regardé, qu’il en ait eu envie car vous l’avez obligé. Et puis ce qu’il en reste, c’est le poisseux, fait de saleté accumulée, de wc en argent comptant, de pizza dégoulinante en grattage de nez… Je suis grossière?  Un peu , mais pas plus que celui qui reste planté devant vous pour vous la serrer, votre main jamais libre. Jamais, je vous dis, car dans un geste anodin, on vous utilise déjà…

*Observation de la veille sur le terrain.

 

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