Un 28 mars, comme celui qui vient, une femme s’est acheminée vers la rivière en crue, des pierres plein les poches. C’était il ya 80 ans, Virginia Woolf. Elle avait 59 ans.

Une oeuvre qui se lit toute une vie, comme celle de Proust; à petites gorgées.

La dame était singulière , atteinte de démons variés et agressée par la bi-polarité. On la perçoit bourgeoise, éthérée, mais, alors, c’est qu’on n’a pas lu ses livres. La traversée des apparences, une pièce à soi, Mrs Dalloway, la promenade au phare…et tant d’autres. Qui disent sa colère sur l’inégalité ou sur la guerre qui est là avec le Blitz.

Née en 1882 dans une Angleterre rigide ( règne de la reine Victoria), elle est touchée par les morts successives qui la déstabilisent jeune, la mère , le père, la soeur, le frère… La mort la hante. Il y a aussi ce que l’on sait dire aujourd’hui, l’atteinte dans son corps de 7 ans portée par un plus grand de la famille… Et ce sentiment de dualité permanent… Homme, femme, les deux.

Une oeuvre ouvragée aux mots justes, à la poésie sûre, à l’ampleur qui ne laisse jamais indifférent. Relire Virginia Woolf, c’est revisiter l’histoire d’une Angleterre pas si lointaine dans le temps et dans l’espace.

Une grande, assurément que je relis avec un plaisir à deux têtes; celle qui me renvoie aux études, celle qui, par le souvenir des mots, me fait déguster une gourmandise.