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Ne pas se laisser pétrifier par la neige qui tombe lentement chaque jour…

Mois

août 2020

Août nu…

Ne pas terminer le mois d’août sans cette pensée qui vient et revient… Un jeune frère né en août qui, de la vie, n’a plus eu l’ envie.

Choix qui implique…

Road-trip: Varech et grésil (fantaisie déjantée…quoique…)

Varech et grésil, une vie…

C’est ma deuxième séance chez le psychiatre ; faut voir ; il

s’appelle Stéphane, WOW-VIVAL, Il est rue des Monômes,

au 22 ; pas trop loin de chez moi ; je prends la ligne 2 du

tramway de la métropole et j’arrive vite à Chartres depuis

Orgères, avec. Je me souviens de tout ce que je lui débite

sur le ressac de ma vie, toute la nostalgie qui est là-dedans,

je note sur mon cahier après ; il ne dit rien, jamais rien ; il

est lavé tout propre au Paic citron, il a toujours les yeux

fermés, on dirait qu’il chante le God save the queen, mais

enfin, avec lui ,ça va être facile de rembobiner sur son

matelas. Bref, je lui ai dit comme ça…

… Docteur, vous puez le Patchouli, C’est ça qui vous donne

cette toux, excusez-moi de vous le dire ! Puisque j’ai la

parole, je parle…Je n’ai plus de nouvelles de Lisa depuis

lundi 17 heures. Pas le genre à avoir des états d’âme ; elle

a la conscience tranquille un point c’est tout. Et moi je suis

là à chercher sur quel fuseau horaire elle se déplace. Chez

les Mormons, elle m’a dit.- lol !- chez les mormons, c’est où,

ça ; Salt lake, achète-toi une carte Michelin des States. Je

lui ai demandé si ça existait. En plus elle va rejoindre ce

croûton de Révérend Uber, un loser de banlieue à mon

avis ; déplacé de sa paroisse pour corruption ; elle fait

l’huître, je le lui ai dit et elle a raccroché ; juste laissé un

numéro de cabine téléphonique ; elle a pris un auto

stoppeur qui lui a taxé son sac à dos et les trois Ernest

Pignon Ernest qu’elle avait sur la banquette arrière.

Même pas un pourboire, il lui a laissé ce malappris de

loubard ! Je flippe dur, même si on va vers le divorce,

mais ça coûte cent gigots de Pâques !Depuis l’été 85 où on

s’est rencontré, elle s’est toujours confiée à moi ; spoilée

par moi, comme personne, Lisa, je vous le dis. Bien sûr

qu’elle savait tout de moi et de ma Face A; elle avait avalé

mon chapelet de copines, Sheila, Theresa, Simone,

Nathalie la dernière, Alain , non ça, c’est à part, ma face B,

complexe, dirons-nous ; flexitarien pour noyer le

poisson…Aux fous-rires qu’on se faisait, elle devait

comprendre ; blonde peut-être mais pas une primevère

naïve, allez ( Pssst…Allez sur le site sofa.com ou rendezvous

au Café des arts de la Tranche, eh oui…) ou

simplement au bureau de tabac si vous fumez. Là, vous

dites Le Calabrais, ils savent… Ceux qui étaient accro au

3615 ULLA du temps des campagnes à papa, laissez

tomber … Mais Lisa, elle, ne doit pas savoir. Que voulezvous,

covoiturez et vous arrivez à la même chose que moi…

J’ai des raisons de m’en faire, peut –être encore à cause

des illusions qui me permanentent dans notre vie depuis

toujours avec elle. J’écoute ses messages en continu,

énamouré encore je crois, mais peu optimiste, j’ écoute et

les relis les messages , j’essaie de sourire devant ses

dernières blagues sur FB ; je like sans plus. Je zappe pour

oublier et remets mon walkman de sexagénaire.

Qu’est ce qu’elle me chante, elle, ce matin gris de gris?

– Mon bien aimé de jadis, relax !…je pense à toi, sois

cool, je ne te demande que ça, sinon ça va pas le

faire ; je suis à l’abri dans un camping-motel à 100

balles ; que des indiens et des rochers comme dans

les épopées du cinéma. Va sur Google earth et tape

Ashley forest, Fly tox est là. C’est rigolo que tu

m’aies surnommée comme ça toute une vie, ça fait

vraiment indien et puis ca me va comme une

mitaine ; je balance sur tout ce qui vole , je suis le

nouvel attrape-mouches mais quelles

mouches !! Sans rancune, Kévin, d’accord ?

– Je t’envoie une carte postale dès que je peux ; te

prouver que ta modeste petite ménagère fond de

teintée en guipure-paillettes d’un temps, a suivi

enfin ses désirs et s’est syndiquée, non, mais… un

peu de grève, ça ne fait pas de mal Je ne suis pas

loin d’Uber finalement ; je me grille ma dernière

gauloise de France, je fais un billard, bois un

pineau (pas super, pas comme celui de ton grandoncle

Raoul); tu vois je te décris tout , même le pop

corn est dégueulasse, comme toi d’ailleurs. Une

chose, Kévin, Nathalie, c’est la dernière truite et

j’avale pas ses arêtes… ça va te lézarder le moral

car, chez mes ancêtres parpaillots, je vais y rester

si les godelureaux de ma généalogie habitent

encore l’Utah. Si, si, je te dirai pourquoi plus tard…

Je n’ai plus de batterie, elle était dans le sac qu’il

m’a piqué en chemin, le météore bourré d’acné aux

barbillons d’ocre…oh, je deviens poète, moi, dans

mon malheur; tu m’appelles à 8h48 pétantes sur le

numéro de cabine 675-436 987. Je me pèle dans

mon 501, mes baskets d’été et mon cuir conjugal,

c’est-à-dire le tien ; à 1500 m, je suis, il y a de la

brume, même dans ma tête, mais je fais mon

devoir, au nom de mes vieux, tu le sais…

De la brume, de la brume, il n’y a pas qu’elle qui est dans la

brume…Non, mais c’est pas vrai, elle me quitte, Little

Bang…Un soufflet d’accordéon à distance et je pleure… une

vraie fontaine, le Calabrais. Mes souvenirs, il va me

rester… Dans quel pastis je me suis fourré… Elle me dit

« recalcule » ta vie, sans moi. Mais ma vie sans elle se

lézarde, se floute. Complétement, zébré de tous les côtés, je

suis, déglingué, quoi… Ah, un autre message… pour quoi j’ai

droit à Boney M, juste pour moi Sunny aujourd’hui ! the

wind blows hard , we’re apart… c’est vrai ça que quand le

vent souffle fort, il nous sépare…

– Kévin, j’ai rechargé chez le Pompiste d’Esso, la

fameuse Esso de l’est américain tout puissant ; un

peu indien, le gars, un peu Hatha yoga, un peu tout,

mais céleste, le troll, j’aime…Une caravane

vintage, des épaulettes triple XL, un rocher quoi.

Finalement plutôt que de laisser mes kilos au frais

livrée aux embruns de la nuit et à continuer à me

geler dans ton break Renault 18 de collection (tu

vois je te l’avais dit qu’elle tiendrait le coup, la

maraudeuse ; en plus elle ne boit pas trop, pas

autant que nous du moins) je vais donc passer la

nuit dans son guest-house-biocoop- discothèque et

tout et tout ; dîner de flageolets au chutney, pas de

tofu merdique ni de chicorée insipide comme à la

maison, on ambiance avec l’indien, Scope, il

s’appelle, un diminutif de horoscope, ca se devine.

Il fait la main à tout le monde, ca veut dire qu’il

voit tout ce qui va t’arriver et ca t’arrive ! T’es pas

jaloux au moins ? J’oubliais pour te taquiner la

mémoire, le slow sur son dancefloor, à l’entresol,

pour finir la soirée ! Tout ça en attendant de voir

mes vieux à Salt Lake. Ca ira, si j’en retrouve 8 sur

100, la mouette de l’océan aura terminé son vol, en

arc-en-ciel, Calabrais de mon c…. je voulais dire

mon coeur, bien sûr ! !

Elle n’arrête pas avec ses messages ; « Lisa, t’as pas le droit,

je ne mérite pas cette série de baffes; et toutes nos années

alors, que du sable pour toi ? » Je lui ai dit que j’ai retrouvé

les photos polaroid quand on était à l’île de Wight. J’étais

beau ; pas ce crapaud à moumoute que je suis devenu. Wow

me regarde perplexe…Doc’ vous pouvez pas laisser votre

éventail tranquille, reprenez votre vapoteuse, je vous le

permets…

Qu’est ce qu’elle me veut encore, Fly-tox…

Hi, Kévin, j’espère que t’es plus à califourchon sur

quatre vies en c’te période ; tu vas pas te faire tout le

bottin quand-même ? Tu sais quoi, j’ai retrouvé mes

parpaillots. Ils vivent dans l’argenterie, eux ; quand

je pense qu’on les a chassés de France avec même pas

une tombe honnête pour eux et qu’ils sont pleins de

bas de laine remplis de rouleaux de thune que tu n’as

jamais vus de ta vie. Je reste, pas pour ce confort,

rien à foutre de ça, mais pour leurs jappements de

plaisir quand ils ont rencontré cousinette Elisa

Martin, descendante des Martin partis du Désert*

emportant avec eux leur teinture d’ancolie. Mon 5O1,

Kévin, le tien et tous ceux du monde, c’est mes

ancêtres qui l’ont inventé ! Faut plus crier au

scandale, Calabrais, t’as bien cherché ! Vis ta vie,

moi j’ai ma bohème maintenant. Je m’arrange.

Stéphane en partant m’a dit que ma petite amie se

trompait de plante…Le bleu de la toile jean, c’est avec le

pastel des teinturiers que ses ancêtres l’ont inventée. Mais

qu’est ce que ça peut me foutre maintenant que Little Bang

m’a largué et et que mon horizon s’est évanoui!

Lisa, pliiiise !… arrête de m’épépiner, je n’en peux plus… Et

vous doc’ me laissez pas dans la choucroute. Vous m’avez

demandé le premier jour, si j’avais des phosphènes. Je

vous dis tout net que maintenant j’en ai et pas que des

petits ! Doc’, à l’aide !

Élisabeth Fabre Groelly. Mars 2020. c/o Lydia.

* Allusion à l’histoire des protestants du Désert ( Gard-

Mialet)

Bien sûr nous eûmes des orages…

Août un peu énervé; pas qu’août d’ailleurs; de tristes sires barrent des chemins , beaucoup de chemins, comme si covi n’avait pas suffi à nous mettre à cran…

Août quand-même; on s’est marié là, 49 ans avant (21 août 1971) = un exploit disent les gens; c’est vrai que c’est de l’héroïsme tout bien pesé, ce pelotage à vue… pardon… pilotage!

On a refait ça 25 ans après (1996)… moi pour remettre ma jolie robe faite entièrement par ma maman ( mauvaises langues= oui, oui, elle m’allait encore, non mais…); lui pour vérifier que les cheveux tenaient toujours; surtout pour avoir les enfants avec nous sur cette photo avant qu’ils ne s’en aillent sur leur chemin de vie.

Et puis encore Août 2019, avec eux , leurs petits qui jouent pas loin; enfin 2020, devenu avec nous ce qu’il est, poches des illusions, percées, raccommodées un peu quand même…

On s’dit, en 2021, on fait la fête! 50 ans….( déjà?…) La fête, la fête…si on ne nous la fait pas avant..

.

Ma Grand’ de Noël…

https://miscellanees2015.files.wordpress.com/2020/08/ma-grand-extrait-6.m4a

Bientôt les salons: Fuveau ( 6 septembre) , Trets ( 17 octobre), et marchés de Noël ( 27, 28, 29 novembre à Bouc-Bel-Air).

Le livre fera ses premiers dans le monde après le confinement et la chaleur de l’été. C’est mon dernier; en voici la couverture et un extrait sonore ci-dessus. Il parle de transmission, de passation; une génération qui donne la main aux autres, petits ou fragiles…

Venez, nous en parlerons…

25 avril italien…

Bella Ciao Clara( 8 ans) + Nonna Élisabeth

Robemémoire…

Robemémoire.

Comme un prénom qui sonne joli.

Comme le sien qu’elle prononcerait en le modifiant pour  se ridiculiser.  Rosedéboire, c’était comme ça qu’elle se présentait  depuis quelques années à ceux qui ne la connaissaient pas encore.

C’est vraiment votre nom ?

– Pourquoi pas ?  répondait – elle , éludant d’abord , rétablissant son vrai nom ensuite, pas original, vraiment… Rose Rivoire ; comme les pâtes de Marseille du temps de ma grand-mère, ajoutait-elle.

Rose était tout sauf malheureuse pourtant. Le passé, avantageusement passé, lui revenait, notamment quand elle mettait, une journée, cette robe qui lui plaisait tant ; il lui semblait alors que sa mémoire devenait plus vive, comme ces cicatrices qui ne nous font jamais oublier ni l’événement, ni le jour où la blessure a eu lieu ; même si sa mémoire s’assombrissait aux souvenirs marquant sa vie de signes particuliers ou douloureux. Mais  la robe n’était pour rien dans son malaise. Une robe est, c’est tout. On la soigne d’abord parce qu’elle nous a plu, ensuite parce que notre corps l’a adoptée comme la guenille de Monsieur Molière ou encore parce-que quelques hommes, à l’œil averti, nous ont dit qu’elle nous allait plutôt bien, la robe, et que quelques autres se retournent encore sur notre passage. Un homme, ça prend toujours des chemins de traverse pour dire les choses, du moins dans ce laps de temps qui dure l’espace de la séduction. Cependant, une robe n’est qu’une robe… Celle de Rose, elle l’appelait volontiers Robemémoire, tout attaché, je crois, à sa façon de le prononcer… car la robemémoire était celle qu’elle avait portée les jours marquants de sa vie.

La robe n’était pas noire comme celle de sobre élégance qui se cache dans toutes nos garde-robes. Mais d’un bleu profond, disons bleu royal, bleu de France, bleu outremer mais Rose avait éliminé toutes ces appellations ; la première parce qu’elle ne croyait pas au prince charmant, encore moins aux petits marquis qui lèchent toutes les cours de tous les siècles, alors pensez un peu si elle croyait au  roi ! Quant à la France, c’était son pays natal, qu’elle respectait mais contre lequel elle s’emportait souvent devant ses nouvelles options et son manque de crédibilité ; et puis elle n’aimait pas le côté gaulois cocorico de l’appellation bleu de France ; quant à l’outremer, ça sentait trop la colonisation d’un temps. Elle ne voyait pas  la robe,  bleu de Prusse non plus ; grand merci, ses deux arrières – grands -pères avaient péri sous le joug prussien. La vendeuse avait dit : – Prenez-donc celle-là, ce bleu indigo vous va bien au teint ! Sur l’étiquette, était mentionné en tout petit : bleu de cobalt ; si Rose l’avait lu, elle n’aurait pas pris la robe ; le cobalt lui rappelait les rayons ; les rayons, les taches brunes sur la peau ; les taches, sa pesante maladie qui avait duré…

Elle disait ma robe bleu nuit, plus simplement. Il y a toujours une première fois même pour les choses. La robe était un achat coup de cœur à la sortie d’un jour de stage. Dans l’éducation nationale, on « fait des stages » pour se perfectionner, se remettre à niveau dans son enseignement, se rafraîchir la terminologie des choses et toutes les terminologies ambiantes, point final. Bref, on fait un stage qui va nous laisser, à l’issue des  journées (trois, pas plus, il faut retourner en classe tout de même… ) plus perplexe qu’avant et surtout déstabilisé et complètement même car le responsable du stage est l’enseignant parfait que l’on n’est pas (puisqu’on a demandé le stage et qu’on nous l’a accordé) ; il est celui qui sait et qui nous montre qu’on ne sait plus et aussi celui qui va nous redonner la foi et les énergies nécessaires pour continuer. À la fin de la première journée intense, Rose avait  traîné un peu la patte pour rentrer chez elle. Le magasin exposait la robe, elle l’avait voulue, tout de suite, elle l’avait eue. Ne croyez pas que Rose était dépensière, du tout, mais la robe allait lui apporter le dynamisme qui lui manquait. Le bleu, sans doute, s’était-elle dit. Devait s’ensuivre une flopée de  situations surprenantes, de jours moroses, d’événements inhumains auxquels Rose échappait  chaque fois in-extremis ; l’entrée dans l’adultère et les aventures qui s’annonçaient déjà houleuses, le drame de Nice sur la promenade ce 14 juillet-là où elle avait été épargnée de justesse… le feu aux abords de sa maison; bien sûr, chaque fois, elle portait la robe… Mais depuis peu, quand on lui disait : Rose, mets ta robe bleue, elle te va à merveille, elle, Rose  pensait à tout cela avec une gêne qu’elle formulait : tu sais c’est la robe que je portais quand… puis, elle se taisait. Il lui vint de l’appeler ma « robemémoire ».

Il y eut tant d’occasions données à Rose Rivoire de porter le vêtement bleu ; sa robe… Sa réussite au concours, la dernière de la liste affichée ; l’accident terrible de son petit frère dont il se sortit après tant de jours de coma, Strasbourg aussi où elle se trouvait, place Kléber, si près, si proche, si fortunée de ne pas être tombée sous la fusillade et encore sa chute dans les escaliers et aussi l’agression en pleine rue où on lui avait arraché son collier au vu et au su de tous. Elle était restée un jour en observation, quant à l’agresseur novice, il avait laissé le collier au sol dans sa fuite… 

Rose Rivoire ne s’étendit jamais sur  le lien entre le port de la robe et l’événement car elle ne croyait à rien depuis l’adolescence où on lui avait demandé de faire des actes de contrition pour des actions qu’elle n’avait jamais commises. À PLUS RIEN…

La robe resta intacte, sous le boutoir du temps mais un jour où elle était devenue grand-mère, Rose comprit qu’elle ne la mettrait plus, sa robe bleu-nuit et qu’il allait lui falloir maintenant, pour la remplacer,  une robe noire…  pour l’enterrement ou la crémation de ses amis qui disparaissaient les uns après les autres ; et puis, elle avait pris du ventre, son teint était devenu plus terne comme ses yeux qui jadis étaient transparents ; non, le bleu de la robe, demeurée en parfait état, n’était plus pour elle. C’est Rosita sa petite-fille qu’elle gâtait volontiers, qui voulait la porter maintenant, cette robe bleue de sa grand-mère. Celle-ci la lui transmit comme « avance sur hoirie » plaisantait-elle. Voici ma robemémoire, elle connaît tous mes secrets et souvenirs… La jeune –fille se regarda dans le miroir ; la robe était comme neuve et elle lui allait parfaitement. Que tu es belle, petite-fille ! avait lâché Rose.

Quand les enfants furent rentrées chez eux après cette semaine de vacances et de pluies diluviennes, Rose Rivoire retrouva le calme de sa maison et de son jardin d’automne. L’odeur de la pluie qu’on ne sentait plus sur sa peau depuis fin juillet de cette année-là. La nuit qui suivit le bel orage de la soirée, plus fort que les précédents,  elle alla jusqu’au ruisseau qui courait comme limite de la  propriété, pour vérifier avec sa vieille tempête la hauteur des eaux qui, toujours se déversaient dangereusement sur le terrain à cette époque de l’année où les orages sévissaient. Il était vingt-trois heures cinquante, la nuit était profonde, presque bleu-marine sous la lampe. Bleu-marine comme ma petite robe d’alors. C’est ça, bleu-marine…Une association de pensée qui lui était venue subitement, comme ça…

Rose fut retrouvée au matin du lendemain, sous le pont, le corps coincé dans les branchages et habillé, sous un imperméable usé, de la nouvelle robe noire qui n’aurait pas le temps de s’habituer à Rose. Rosita  parla, à l’enquête, de l’idée de sa grand-mère, qui n’avait jamais su nager, de plonger dans l’eau pour savoir si elle arriverait à se débattre et surmonter sa peur depuis la noyade enfantine… Un jour qu’elles buvaient leur thé habituel, elle avait ajouté, Rose Rivoire, à l’oreille de sa petite-fille : garde ma robemémoire en souvenir, elle est magique, tu sais, je vais l’abîmer à la longue… et puis, il faut passer le relais, j’ai trop vécu, moi…

Rosita portera la robe de sa grand-mère une grande partie de sa vie, évitant bien des déboires, contournant tant de difficultés; elle sera épargnée le plus souvent du danger extrême, à son tour…

Elle vivra  longtemps, mais jamais elle ne dira : j’ai trop vécu, moi

Élisabeth Fabre Groelly. Août 2020. Bouc.

Retour…

Un peu comme dans la maison bleue de Le Forestier… Alain, 50 ans après.

Le 3 août 2020 à 10:48, Alain Schneider a écrit :

Chère Elisabeth,

Lorsque j’ai reçu ton livre “Vous êtes d’où ? De Bouc…“, ma première démarche a été de lire les  dédicaces, l’une pour Annick et moi, l’autre en hommage à Pierre Calès et “aux petits“ que tu as côtoyés dans ton enfance.

Puis j’ai lu la  quatrième de couverture et feuilleté les pages pour m’examiner sur les photos.

Alors, la magie a opéré sur ce temps passé en parti oublié, revenu en un instant.

Je me suis plongé dans une lecture studieuse de ta  mémoire écrite et des témoignages fournis par les anciens enfants de la communale.

Après chaque chapitre, le temps d’une pause le film de ces moments  heureux s’est déroulé dans ma pensée.  Les images  des paysages, des visages de chacun dont certains parfois un peu flous, ils m’excuseront (sic), les anecdotes, tout cela a repris vie, c’était hier.

Chacun à leur manière, sans le savoir, ces enfants d’expatriés en grande partie,  de toutes origines, de toutes confessions,   ont contribué à créer une communauté. Je constate qu’elle perdure pour certains au sein même du village et pour d’autres à distance, loin de là car  la vie en a décidé autrement.  

Je veux en être, il n’est pas trop tard!

Une question s’impose, pourquoi depuis tout ce temps me suis-je arrêté à cette frontière invisible de TARASCON alors qu’à portée de main, j’aurais pu être Boucain de temps à autre ?

Je suis revenu une seule fois lors  d’un passage éclair d’une paire d’heures au cours de ces 50 dernières années.

BOUC BEL AIR est resté figé aux années 60. Son urbanisation m’importe, il existera toujours des points de repères.

J’ai manqué des choses, je n’ai pas su, je n’ai pas fait, je n’ai pas pensé ! J’aurai du, peut-être que si, alors pourquoi ?

L’horloge du temps a tourné. Les cheveux blancs sont là, ainsi est la destinée de chacun. La vie, l’amour, la mort, il ne fait pas avoir de regret, c’est comme ça !

Un grand merci à toi et aux personnes qui de près ou de loin ont contribué à cette œuvre qui pendant quelques heures, m’a fait revivre cette jeunesse saine et insouciante des années 60.

Les souvenirs, c’est la seule chose que le temps n’emporte pas avec lui.

Toi la Boucaine, vous les Boucains, si vous le voulez, je reviendrai vous voir un jour.

Mes amicales salutations à tous ces revenants (es).

Alain SCHNEIDER

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