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Ne pas se laisser pétrifier par la neige qui tombe lentement chaque jour…

Mois

septembre 2018

AIE!*

via AIE!*

AIE!*

*Lire : Automne.Italie.Échanges!

Je traverse la place, jette mon ticket de parking. Chose inattendue, un papier  froissé au pied du container et qui m’interpelle. C’est une invitation pour le 6 octobre où se positionnent en parallèle, deux maires, à gauche le nôtre, à droite, le maire de Fiesole, une dame que j’ai pu apprécier au fil du temps. Normal, de les voir qui se regardent sur le carton; en somme, on les a élus, ils ont eu la majorité des voix. Normal(bis). Le conseil de Bouc suit, élu par le maire. Normal (ter.)

Plastronne au beau milieu du carton, le président du comité sans jumelage (car, depuis 4 ans bientôt,  le temps d’une guerre en somme, de jumelage, au final, il n’y en a toujours pas!) Alors on se prend à penser à la représentativité  de ce comité, minimissima sur la commune; à la louche, entre 0,5% et 0,7% de gens concernés…  » Grand public » disait pourtant le texte sur le net, à la page de  l’association des jumelages…

Ça rime à quoi, dites? Je trouve à redire, pensez-vous? Oh que si!…car c’est bien une partie de mes sous d’administrée ( et un peu des vôtres, au passage) qui sert à subventionner le groupuscule (gruppetto dans la langue)…

Puis je cherche, sur le carton d’invitation, les deux adjointes à la culture: Marie-Odile, la française et Barbara, l’italienne…

Point d’adjointes…

Je révise le dictionnaire et trouve le mot JUMELAGE qui me dit bien, en filigrane, que la culture est normalement à l’appel,  du moins sous-jacente, transpirant  de ses pores. Mais non, là, sur le carton, la culture est  persona non grata, semble …

J’attends demain pour voir si dans ma boîte aux lettres, il y aura une belle invitation comme celle-là ou si  la présidente de notre association (italiennes, la présidente et l’association, tout de même!) l’aura reçue, elle… Vedremo...

Tous les hommes sont égaux mais certains plus EGO que d’autres!

 

Trip…The final bit…

Je me rends compte combien les distances Paris, Laon, Amiens; et aussi Calais là-haut de ma jeunesse étudiante, sont infimes…Et pourquoi les Alboches ne cédaient rien.

Ultime tronçon aujourd’hui: le rendez-vous d’Amiens. Sa cathédrale qui raconte dans ses meurtrissures, ce monde British Empire et ses soldats méconnus: les Cobblers australiens ( bronze d’un corps porté par un comrade à Fromelles), les sud-africains de Longueval, les indiens, les chinois paysans employés pour déminer, les canadiens de Vimy (memorial -pieta d’une femme aux seins las…désormais inutiles). Et Ors, la petite maison forestière de Wilfred Owen quand il disparut; l’armistice allait sonner… Je les regarde ces soldats du BEF* aussi qui recrutait au jeune âge; si jeunes , si fiers, si déterminés… Amiens me parle d’eux…

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On rentre parce qu’il faut bien rentrer et qu’on a la chance de le faire, nous.IMG_0819 La tête pleine de références, un sentiment de gâchis qui persiste…

REQUIESCANT IN PACE. Dites, vous croyez à ça , vous, la paix?

Il me reste, en tête, Hugo…Quelques vers sur la conscience:

L’oeil était dans la tombe et regardait Cain…

 

  • BEF= British Expeditionary Force

Est-ce ainsi que les hommes vivent…

Dans mon quartier, sur mon carré de terre, j’y étais bien…enfant; je disais à ma grand-mère d’Arles:

C’est là tu sais que j’habiterai…dans la vigne.

– Alors, tu arracheras les vignes?

– Peut-être…

J’ai eu 8 ans, puis 68 ans, d’un coup, comme ça! Grand-mère avait filé, la vie aussi. Je n’ai pas su quand le voisin de gauche a perdu sa femme, ni de quoi; quand celui de droite a eu son AVC; un matin, juste le temps d’apercevoir l’ambulance; pas su non plus que ma voisine s’était écroulée, le col du fémur cassé;  jamais rien su, occupée à autre chose…C’est comme ça que les gens discrets quittent la scène  où, tout de même, ils se seraient amusés un peu plus.

Ce matin, mon gentil voisin qui m’alimentait en beaux livres italiens de sa famille de Rimini… Lui aussi est parti en vacances en Corse, serein, jamais rentré…

Vie de quartier, vie en clôture; notre calme ressemble à un désert. Une désaffection en soi. Bientôt, je regagnerai mon village, plus vraiment beau, mais… Là-haut, il y a la maison des anciens, puis le cimetière… et d’autres voisins que j’aurai mieux connus dans leur âge éternel. Oremus pro nobis….

Trip… Vers Albert

IMG_0801.JPGOn s’achemine.

Dormi à Florent en Argonne, entouré de monuments, de cimetières,  de champs de bataille et de stèles. Justement, près du lavoir, en sortant de ce si joli petit village qui n’avait pas choisi d’être sur des lieux de guerre, une stèle simple… 3 soldats fusillés là,  à la va-vite, pour l’exemple; taxés de désobéissance, de blessure volontaire , d’abandon de poste…jamais réhabilités , comme la plupart des fusillés de la première guerre.  Que s’est-il passé vraiment? La commune de Florent entretient la stèle où il ne vient plus personne…

Comme de l’amertume en continuant ma route; la parole d’un soldat valait-elle quelque-chose alors?

Direction Craonne dans l’Aisne; souvenez-vous: le Chemin des Dames, imaginez-le comme il était, quand les filles de Louis XV  allaient retrouver la maîtresse de papa par cette belle route… ; ça , c’est important comme la bataille de Marignan SAUF QUE, l’importance de cette voie, LE CHEMIN DES DAMES autrement dit l’offensive « Nivelle », fut en 1917, un lieu de terribles combats, je me répète car la guerre, au fond,  n’est faite que de répétitions sanglantesIMG_0805.JPG

De manifestations d’usure aussi  et de coups de gueule quand on s’embourbe et qu’on ne sait plus pourquoi on est là …Adieu, la vie, adieu l’amour, adieu toutes les femmes…. C’est à Craonne sur le plateau qu’on doit laisser sa peau car nous sommes tous condamnés nous sommes les sacrifiés. Interdite, la chanson, écoutez-la , vous, installés devant votre écran; imaginez un instant la vie d’un homme là-bas… Je prends des photos comme pour retenir le souvenir pour en parler…Car, bon sang , il ne faut pas oublier d’être citoyen du monde. Je pense à Manouchian, fusillé dans l’autre guerre au mont Valérien et à Aragon dans l’affiche rouge qui disait : Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand…IMG_0807.JPG

Laon et sa cathédrale calme ma colère, la pensée forte pour les hommes l’atténue. Direction la Somme.

Demain, chemin respectueux des anglais tombés en masse; le vocabulaire des nombres n’est pas assez large en français pour décrire, ni les hommes, ni les tombes, ni les stèles, ni les combats. Je me mets à « relire » Joe Sacco et sa description graphique du 1er juillet 1916, à Thiepval… un carnage, un de plus.

DIX-NEUF-MILLE-DEUX-CENT-QUARANTE  morts…

TRENTE-CINQ-MILLE- QUATRE- CENT-QUATRE-VINGT-TREIZE blessés… et des disparus…

Joe Sacco devant sa fresque de la bataille de la Somme, au musée de Thiepval (Somme)

Hep! Vous croyez que de leur terre profonde, ils ont senti, les Tommies de 14-18,  qu’on allait voter un jour chez eux pour le Brexit?

Trip…La Meuse des combats…

via Trip…La Meuse des combats…

Trip…La Meuse des combats…

… J’ai suivi le carnet d’Antoine, Chaudefontaine, La Neuville-au-Pont, Ste Menehould ( prononcer MENOU);  à pieds, pour le soldat et ses compagnons du sud et d’ailleurs. Vastes étendues de bois jolis et de terres grasses. Antoine, mon poilu de grand-père,  décrit les lieux dans son carnet de guerre et je les retrouve, moi, sans la guerre des hommes. On l’a bien rangée, la guerre GRANDE, c’est ce que l’on dit, comme sur un rayon de bibliothèque…Seulement voilà, il y a des coins de France et des  monuments qui nous empêchent d’oublier qu’il y a juste 100 ans on s’étripait.

Alors que se poursuit la route, les lieux de batailles rudes s’imposent par leur nom. Ah , c’est donc là …

Verdun est le premier arrêt; la ville, paisible comme si de rien n’avait été, n’était-ce ce monument qui dit qui ils étaient.

Puis direction l’ossuaire et le mémorial. Je suis surprise de voir, qu’à l’entrée, parmi les départements  du sud -est de la  France qui ont participé à ce mémorial, seuls le Var et les Alpes Maritimes de chez nous figurent; pas les Bouches du Rhône, ni le Vaucluse, ni… Il me revient la honte qu’ont subi nos soldats les premiers jours d’août sous le mépris de la presse et du ministère d’alors; bafoués , nos soldats du XV ème corps… Je cherche une relation…elle est vraiment personnelle?

Au détour d’une allée, je les découvre ceux qui ont écrit la guerre des leurs, j’entends tous les soldats, ceux d’Allemagne aussi; Maurice Genevoix qui combattait l’allemand Ernst Junger. On retrouve là les vivants et les morts: Apollinaire, Pergaud,  Fournier, Péguy… Le redoutable baron rouge allemand et puis aussi Roland Garros, tué dans son avion dans les Ardennes à un mois de l’armistice. Une prodigieuse reconstitution, car il ne faut pas oublier.

On se sent presque fautif, en tout cas minuscule, à Verdun.

On s’enfonce dans les terres meurtries, du côté de La Woëvre, dans les bois de Calonne, sa tranchée de triste mémoire où , combattait les premiers jours de la guerre, Alain Fournier, images.jpgl’auteur du Grand Meaulnes. On marche jusqu’à elle et soudain dans le bois lumineux, une vitrine par terre qui dit que Fournier est tombé là en 1914 mais qu’on ne l’a retrouvé qu’en 1991 parmi ses compagnons. Le terme ossuaire a tout son sens; une photo dit la découverte…

IMG_0769.JPGIMG_0771.JPGIMG_0776.JPGFournier avait 27 ans, Garros, 29 et le baron allemand, 26… l’âge d’homme chargé d’espoir, en somme.

Retour dans la plaine de La Woëvre ( prononcer OUAVRE).; je veux aller à Marchéville, là où est tombé Louis Pergaud ,  l’instituteur de La guerre des boutons. Petit village sage, dépendant de Fresnes en Woëvre. Arrêt. Il reste une plaque et, sur le panneau d’entrée du village, sa photo. Marchéville s’est jumelée avec Belmont, dans le Haut Doubs, pays natal de Louis. IMG_0780.jpgJ’ai en main son journal de tranchée arrêté au 6 avril 1915. Il est mort dans le terrible combat de la nuit du 7 au 8 avril : ses dernières lignes étaient les suivantes: 19 mars. Il est idiot de songer à prendre un village et des tranchées aussi puissamment protégées avec des effectifs aussi réduits, chaque poilu fût-il brave comme trois lions.

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On se sent presque honteux d’avoir vécu le double de son âge.

Je veux rendre hommage à Antoine, mon  grand-père en allant à Massiges; la main de Massiges; je ne l’écoutais pas alors quand inlassablement il racontait sa guerre; on est bête à 13 ans… C’est un plateau crayeux, j’en ai conservé un caillou…je n’aurais pas dû, dites-vous? Encore la tranchée et le regard de la bécasse qui, du promontoire, voit tout autour à 360° une plaine tranquille comme le sont les morts d’ici, presque oubliés aujourd’hui, totalement demain après la fin des commémorations que l’on sait …

On se sent redevable…

La terre change en allant dans l’Argonne. Recherche d’une abbaye dans un lieu minuscule: Lachalade. C’est la fin de la journée, on chante à l’abbaye, devant nous en hauteur une stèle immense à l’italienne qui dit, qu’en Argonne, sont morts dans la légion Garibaldienne et sur le sol de France, deux des petits fils de Garibaldi:  Bruno et Costante, download.jpg morts en 14 et 15, à un mois d’intervalle, sous le commandement d’un frère plus âgé, Peppino, au dessus , dans les bois de la Gruerie et de Bolante; nous poursuivons vers les lieux de la Haute Chevauchée; là on se déchirait sauvagement aussi, mais dites, où on ne se battait pas alors, dans ces terres joliment appelées aujourd’hui,  Grand-Est et Hauts-de-France, pour juguler l’avancée des Alboches vers Paris? Où, dites?…

Je me sens si dérisoire dans l’histoire de ces  hommes de courage broyés par l’Histoire… Dire que tant d’hommes minables aujourd’hui, à force de coups bas se placent sous les feux stériles des projecteurs…Si, Si , tout près de nous… Allons, respect immense pour les premiers, mépris total pour les seconds.

Belle journée sous le ciel de la France! Essayons de la bien vivre…

 

 

 

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