Plaisir masturbatoire de la langue française ou étalage pontifiant de ceux qui n’ont rien à faire quand tout a été fait et surtout pas par eux, le passif sera toujours le passif…Pas-sif !

Exemple: Le chat a mangé la souris= forme active; c’est allègre (ou pas), vite fait, bien fait, c’est tant pis pour Minnie… Mais la souris a été mangée par le chat= forme passive; finalement le matou poussif a réussi…finalement…

Au fil des bilans de revues diverses   ou de comptes-rendus de fin d’exercice ou d’année politique, associative, citoyenne ou consumériste, la transformation passive s’étale partout, l’ennui avec… Prenons la phrase :

« Nous avons réalisé 400 euros de bénéfice, invité 199 personnes et offert un pot d’amitié à nos amis de cœur. » ( entre nous, le bénéfice, le cœur, et sa chaleur, tout ça , allez le vérifier!) Au passif, voilà ce que ça donne :

« 400 euros de bénéfice ont été réalisés ; 199 personnes ont été invitées et un pot d’amitié a été offert à nos amis de cœur » ; Ça fait drôle, ce côté coincé, comptable, déshumanisé…  Sans compter  la pesanteur de la phrase. Un soporifique d’assemblée générale! Eh bien il en est qui ne dédaignent pas le passif. Gênés aux entournures ou passifs eux-mêmes ? Faut chercher…

Et chemin faisant, attention aux accords , car c’est là, PAF! qu’on oublie les « S » ou les « ES »… Pas qu’on est mauvais en français, mais on s’en fout  de l’équilibre de la phrase…

De l’équilibre du tout aussi. Car, au fond,  il y a nettement plus  sérieux que ces banalités de gens qui gèrent de petites choses ; plus crucial et plus faux-cul à la fois… Là, la transformation passive touche l’édifice du monde: « Les quartiers ont été pilonnés; des centaines d’enfants ont été retrouvés sous les décombres d’une ville rendue exsangue; des corps continuent à être extirpés.  Il n’est rien fait, dit cet instituteur,  pour nous donner l’espoir. » Ce fatras -là au passif est un constat journalistique qui occulte les responsabilités;  dire qu’il suffirait de formuler les mêmes données à la voix active et on trouverait sans doute mieux les coupables de ce séisme international qui nous glace pour ce Noël sans froid, mais de grande froideur…

Ils nous échappent toujours de toutes façons, les accords. On les tricote ailleurs,  au dessus de ce bas monde…bien au dessus de nous. Mais le constat aussi est bien passif, alors disons quelque chose et tenons nous chaud, à la voix active.