Ah, comme ils sonnent juste, les récits de Francesca Melandri! Il y en a deux: EVA DORT et PLUS HAUT QUE LA MER.

Elle, la cinquantaine, moins sans doute, jolie femme qui a des choses à dire et qui les dit; chez nous et en  en français.

Hier, elle nous recevait à BOOK’N BAR, vous savez , cette librairie d’Aix, quartier Mazarin, en face du très séduisant Caumont (où nous attend Turner); une librairie internationale où l’on est bien à toute heure; où l’on boit son thé en égoïste, où l’on peut partager aussi; de ces librairies où il y a du bois, des tables et des coins à la Virginia Woolf; une librairie qui fait du boulot, pas bégueule du tout et qu’il ne faut pas perdre ( les autres non plus, d’ailleurs.) Digression voulue.

Je reviens à Francesca Melandri qui connaît bien son Italie et qui nous l’offre , dans ses faiblesses, son histoire chaotique, mais aussi dans sa beauté nue. À prendre ou à laisser. On prend; on écoute l’auteure – le mot d’autrice* n’est pas plus beau en italien; sous peu qu’il soit prononcé à la française, on est carrément en Autriche!- Justement, presqu’en Autriche, elle, la belle italienne nous y conduit avec l’histoire de la famille d’Eva. Une famille du Haut-Adige ( Sud-Tirol pour ceux qui ont la nostalgie  d’un passé …austro – hongrois); une histoire d’hommes, à découvrir, ne fût-ce que pour comprendre les traités que signent les hommes après une guerre; ici, Saint-Germain en Laye, 1919. On tire un trait entre deux pays; d’un côté ce sera l’Autriche, de l’autre, l’Italie… Et au milieu des hommes à qui on n’a pas demandé s’ils voulaient de ce partage décidé un peu par les français, beaucoup par  Wilson, l’américain…Lisez le livre EVA DORT et vous comprendrez mieux et si l’italien , vous le maîtrisez, lisez aussi de lili Grüber: EREDITÀ…Vous saurez.

Puis Francesca nous a parlé de PLUS HAUT QUE LA MER… Elle écrit: ...si on veut garder quelqu’un vraiment à l’écart du reste du monde, il n’ y a pas de mur plus haut que la mer. D’où la présence sur cette île au nord de la Sardaigne ( rien n’est dit dans le roman, mais, nous aident la géographie des lieux, les descriptions, les implantations pétrochimiques  ; et puis on sait, pour l’avoir lu, qu’en Italie pendant les années 80, existaient ces prisons de haute sécurité où l’on incarcérait , mais aussi protégeait des personnalités en danger: L’Asinara en Sardaigne est de ces lieux; l’île d’Elbe aussi , mentionnée dans le livre: Porto Azurro… Univers carcéral sur fond de troubles nationaux donc, mais le roman n’est pas  seulement cela…La responsabilité de chacun  est ce qui touche, ce qui implique. L’objectif de Francesca, s’il était aussi celui-là, est atteint.

Nous sommes interpellés, nous nous interrogeons.

Un vrai livre!

  • prononcer: aoutlitché, enfin…presque…