J’aime les mois qui tombent, épuisés; novembre en est. Nous autres , nous attendons la pluie.

Il y eut bien d’autres quatre novembre… Ceux qui nous laissaient entrevoir la paix. Celui de  l’armistice italienne de 18. D’autres où on espérait que le jour ne durât pas; celui de Budapest, encerclé par les troupes soviétiques; d’autres où on prenait des otages, d’autres où on crispait les relations Luther-Calvin en un concile; d’autres enfin où, malgré la victoire, on mourait d’une mauvaise salve… Ainsi, Wilfred Owen, poète anglais, enseignant-combattant, engagé volontaire, qui laissait derrière lui une oeuvre sensible où se décrit le front, une oeuvre qui dit non! J’ai connu le poète bien après mes études. Un texte implacable, imagé. On peut ne pas aimer la poésie mais si on entend cette longue phrase, ponctuée, en anglais ,  ou traduite, on se dit que c’est bête de mourir comme ça un 4 novembre où s’installait la paix fragile après la grande guerre. Wilfred, l’anglais, est mort en traversant la Sambre, au Cateau-Cambrésis, un matin de paix, un 4 novembre comme le nôtre, sans luminosité…

Wilfred Owen, la voix poétique de tous les autres.

J’ai perçu beaucoup de beauté

dans les serments rauques qui ont gardé notre courage droit;

Entendu la musique dans le silence du devoir;

La paix retrouvée là où les orages ont fait jaillir la crue la plus rouge.

3129_b_938.Owen2.gif 1893-1918