Avant les souhaits…
Du champagne, non ! J’ai eu vingt ans et une cuite.
Le goût est là, dans la gorge. Comme ce qui n’est pas passé, jamais.
Là, les promesses de dons, les miennes, les vôtres ; des promesses.
Là, les voeux à tout crin, les vôtres et les miens ; les derniers sont
restés sur la touche, celle du clavier, celle de la vie, celle du stylo
qui ne coule plus que rarement ; la plume a du mal à glisser.
Là, les idées sur l’avancée des choses qui, dans un combat inégal,
ont pris un mauvais biais.
Là, les approches et les éloignements ; les engouements et les
déconvenues, la peau à nue et le maquillage.
Là, le langage ; le vôtre, le mien ; un décalage ou une faille qui bée
un peu plus quand arrivent les cinq heures, au soir et au matin ; au
petit jour, à chien ou loup.
L’Ennemie passe dans l’espace, de temps à autre, comme le facteur
à la guerre inutile.
Puis arrive un enfant, un deuxième, l’autre suit et un autre ; le tout
dernier est là, qui sourit.
L’instant, pas plus, et on s’en va croire au monde qui tourne, bon an,
mal an.
On reprend des couleurs après que s’est éloignée le goût de la cuite
originelle. Au champagne…
Élisabeth Fabre Groelly. Décembre 2019.
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