À des gnomes de 7 ans et moins, raconter la mythologie est une démarche de bravoure. Elles sont là , les petites, dans le grand lit du soir, au nombre de trois à attendre l’histoire de grand-mère… Une à ma gauche, une à droite, une allongée sur mon ventre, rouspétant de ne pas voir. Car si on écoute , on veut aussi voir. Les dieux grecs se voient! Bref, la mythologie n’est pas aisée à raconter aux tout petits sans leur faire peur car la méchanceté est partout, la folie chez les dieux de l’Olympe aussi. Je me risque à leur dire qu’ils sont fous, aussi fous qu’elles, aussi fous que moi; timbrés, givrés, dérangés, quoi.

C’est quoi fou? dit celle de 5 ans.

C’est quand on n’est pas bien.

Alors, moi je suis pas bien sur ton ventre…

C’est ça, on est tous fous. L’idée les rassure et ça leur plaît, elles disent à voix basse: fous comme nous! et elles rient. Je les rassure et leur dis que oui; ça leur plaît encore plus… je donne des exemples. Hera qui jette son fils sur la terre parce qu’il n’est pas beau, Dédale qui pousse son neveu d’une falaise, Cronos qui mange son fils, Méduse qui ne veut pas qu’on la regarde sinon elle te transforme en pierre… j’en passe, de ces folies… Ça leur plaît beaucoup, l’histoire des Dieux qu’elles vont se raconter entre elles. Il faut soutenir mordicus que ça a existé même si c’était dans un gros livre … d’histoires.

La pédagogie doit s’adapter…