Un cadeau, ça vous tombe dessus, ça vous étonne… On n’a rien fait pour le mériter, copains et copines, me voyant stressée en fin d’année,  se sont fendus pour moi et m’ont offert la détente… Je me suis laissé faire, dans la lenteur, moi qui la combats, jugeant perte de temps ce qui n’est pas avancée dans celui-ci. Alors je suis allée aux bains ; Aquae Sextiae, comme on dit Aix, la belle snob…

Me retrouve en ville, le plus tôt possible pour savourer l’air du marché et la clarté du ciel sur les pierres bâties il y a longtemps de la terre d’Aix, au temps du parlement et au delà, au temps de celui des couvents de la bien-pensance… Pour savourer aussi  la marche pas encore réveillée des gens  qui, comme moi, vont d’un point à un autre… fourmis dérisoires. Je file vers les  bains, curieuse de ce qui s’y trouve.

Aux thermes, un univers, glacé, figé, protégé ; premières impressions. On est pris en charge comme à l’hôpital, de cloisonnement en cloisonnement, une tisane pour réconforter et de l’eau ; rien de plus. Si, le silence. On attend dans un atrium que vous appellerez comme vous voudrez ; immense, avec salle de baies vitrées partout, une piscine au milieu ; le tout gigantesque , en plein Aix ; mais où ont-ils trouvé la place ?

On attend, en peignoir blanc, le maillot au dessous, ses pensées au dessus, vaguement… Une espèce de léthargie qui m’agace… « Laisse-toi faire » me textotent mes copains-copines ; c’est ça, se laisser aller…Bon, je courbe l’échine.

Puis, les soins, espacés d’un quart d’heure et qui durent en moyenne un quart d’heure. Rituel des lieux : vivre dans les mains des autres ; je chasse-je m’efforce de le faire- les mauvaises pensées car vous savez qu’il y en a, sinon on n’aurait besoin d’aucun soin. Je suis passive, j’écoute les consignes ; contre le mur,  les jets, très forts, qui massent ; et il y a  la baignoire ; j’ai d’étranges pensées qui viennent malgré moi : Épisodes d’ Auschwitz, d’autres de la Résistance… que je n’ai vécus pourtant que par procuration de la mémoire… Puis la coque de vapeurs. Je sens la peau se décoller, sans doute qu’on m’enlève mes mauvaises humeurs et les douleurs du parcours ; je la sens sous mes doigts qui tremblotent ; un travail se fait, qui sûrement va dans le sens de celui de la kiné et  de l’acupuncteur. Je me soumets. Reste la boue ; elle n’est pas plus envahissante ni englobante que la gangue des jours quand ça pèse.

Un passage, cette matinée de soins, dans le calme d’Aix ; oubliée…Et cette latitude de l’oubli, du silence, de l’arrêt sur images me poussent à prendre mon téléphone (je n’ai que lui, j’ai tout laissé au vestiaire) et, partie notes, car la trace sera transférée ensuite, je commence à écrire…

Aix-en-Provence, 26 février 2019 ; Merci, mes amis de «Un caffè ? » !!! J’ai pensé à vous …