Vacances, pas comme les autres; les fronts de guerre, ceux de 14 à 18 , là-haut en France… On ne peut pas ne pas se souvenir , dites? Car, il y a toujours quelque fou, quelque part, prêt à en découdre pour saigner à nouveau la planète.
Une implication personnelle. Un grand-père fait prisonnier à Dieuze, Lorraine, début août 1914, un autre, de tous les fronts, de ceux de la Marne à l’Argonne et jusqu’en Orient…
Donc, la bataille de la Marne, la première, juste 104 ans après, c’était septembre 1914, nous sommes fin août 2018. On s’achemine vers Brégy, Betz, la Râperie, Étrepilly et ses combats terribles, à découvert; des champs à perte de vue qui laissent imaginer le contact et la tuerie corps à corps; guerre de mouvement, disait-on ( avant celle de position autrement dit , guerre des tranchées).
Quand on écrit un livre, il faut se rendre sur les lieux, même s’ils ont changé, même si on les a rendus à la tranquillité d’un temps sans guerre. Tout nous dit que là, sous nos pieds, le sol regorge d’ossements, de matériaux et de métaux de cette guerre ahurissante qui a transformé le paysage de l’Europe, mais aussi de l’Afrique, si, si…la force noire, souvenons-nous.
Je marche, prends des photos, fais des repérages; les soldats ne sont plus là, aucun d’eux; s’ils y sont, ce sont les monuments, les stèles, les plaques-souvenir, les nécropoles qui parlent d’eux; les musées qui insistent une dernière fois sur la commémoration ( Warmeriville, Meaux.) Eux sont rentrés en nombre limité, changés à jamais; eux sont restés dans la terre , jamais retrouvés, ou exhumés; sur le sol, en quantité, ramassés comme bleuets et coquelicots, pour le souvenir…
Je marche dans Brégy, Oise, essaye de retrouver les lieux de cette bataille de la Marne, de l’Ourcq, du 5 au 12 septembre. Je suis entre terre et ciel, petit objet surréaliste et dérisoire entre le jaune des blés coupés et le ciel pas vraiment bleu d’août; je prends des notes, des photos; la pensée s’active, la colère aussi. J’ai rendez-vous à Warmeriville, un bourg occupé pendant quatre années par les Alboches; l’histoire d’un pays que me raconte un gardien de la mémoire et qui est aussi à l’origine du musée: » vous êtes allée au cimetière allemand, en haut? » Oui.. pas à l’abandon, mais presque; peu d’allemands y viennent aujourd’hui; on n’a plus envie de se souvenir.
Je file vers Villers-Cotterêts, celui des cartes postales de la guerre des frères Reynoird de chez nous…
*Trip: mot anglais qui signifie voyage
Tripes,ici, est la traduction littérale de HAVE GUTS= avoir des tripes, avoir du courage; allusion bien -sûr aux soldats, à leurs blessures horribles aussi…
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