En souvenir des deux Raymond, d’Auguste et d’Esprit, de Dante, de Guido, de Michel aussi, tous mes amis-résistants qui n’ont cédé qu’à la mort naturelle…[1]
RESISTE-EXISTE, S’AFFICHE LA COUVERTURE DU MAGAZINE*…
avant on n’y pense pas ;
après, on est sur le pont ;
entre temps aussi…
déployant vingt efforts jamais vains ;
maintenant on est,
on résiste, on existe.
on se frotte, une chanson entre nous,
« les uns contre les autres,
les uns avec les autres »
ou encore sans.
RESISTE-EXISTE, SE LIT LE TITRE DU MAGAZINE
on résistera à la crainte,
à la bouche tordue qui trahit,
aux ronds de jambes,
au sourire-lame qui veut lacérer le tréfonds,
à la fourbe accolade,
à l’embrassade faussée,
à la main molle donnée,
à celle qui brise, calculée,
au croche-pied préparé…
au dire de basse-cour,
au rendez-vous de cabinet.
RESISTE-EXISTE, REPETE LA PAGE DU MAGAZINE…
Rumeur c’est donc toi qui t’avances ?
chuchotis de couloirs qui attend que l’on sorte…
viens – t’en par là, que je t’étrangle,
avance – toi, que je t’étripe
montre ta joue, que je la gifle
retourne – toi, que je te supprime
un pas encore, que je te frappe
ouvre la porte, que je te botte
accours – donc, que je te dessoude
rends – toi là bas, que je te tue
approche, que je te broie…
RESISTE-EXISTE, TE CRIE LE MAGAZINE…
ô mon capitaine, je souscris !
exister pour la survie de l’honneur,
combattre, en Rossinante, la bassesse,
s’interposer entre deux faux,
s’insurger du caca chaud qui traîne,
s’opposer aux copieurs et le dire,
s’afficher pour occuper la place,
se servir d’eau propre quand l’autre coule sale,
se dresser contre l’insidieuse toile,
s’arroger le même droit que celui qui le prend,
s’évertuer à marcher hors du terrain souillé,
se méfier de la taupe qui guette sous les pas,
se porter volontaire au banc de la droiture,
se faire entendre des sourds qui ont décidé de l’être…
RESISTE-EXISTE, SE CALME LE MAGAZINE…
tu es des siens et tu résistes,
tu ne peux pas ne pas crier le droit,
tu iras lentement, s’il le faut, au combat,
tu ne lâcheras, qu’en bonnes mains, ta lutte,
tu ne vaincras pas mais ne seras pas pris,
tu ne trahiras pas ce qui fut décidé,
tu ne souscriras pas à l’ambiante mollesse,
tu éviteras très digne la soue et le bourbier,
tu répondras bien calme à la provocation,
tu la déjoueras avec ta bonne foi,
tu ne seras jamais de ce que sont ceux-là…
EXISTE-RÉSISTE !
Élisabeth fabre groelly, Mars 2018.
- Allusion à la couverture de Télérama n°3558 ( du 24 au 30 mars 2018)
[1] Raymond Aubrac et Reymond Tonneau, Auguste Fossati et Esprit Garnerone, Dante Caneva et Guido Azzolini, Michel Agnelet.
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