Non, pas d’accent; rien à voir avec le marché.
La marche seule compte. Celle qu’on entreprend en silence quand, dans les maisons, on mange , dort, se paie sa tranche de télé ou pleure peut-être…
Je marche dans les rues de Fiesole; il pleuviote, j’avance; deux hommes, à l’imperméable trop grand, regardent vers le Mugello. Ils attendent…Bonjour! On se sourit; ils sont là depuis peu, il semble; leur peau est cuivrée. Bonjour! Bonsoir! Comme chez Saint-Ex’ et son allumeur de réverbères. On s’est parlé à peine, on aurait pu le faire davantage. Je ne suis pas italienne, eux non plus mais ils vont l’être peut-être. Je marche, tout ça en tête; l’heure tourne. En garant la voiture dans le soir, un homme pas italien non plus mais italien quand même, entend notre toux; il me tend un sachet qui soigne me dit-il ; je vais vérifier, pourquoi pas.
C’est son dernier, mais il veut m’assurer, si je l’ai bien compris, qu’ elle fait toujours du bien, la poudre dans le sachet. Salut du soir, lui se faufile dans le restaurant indien de la rue.
Rencontres d’une fois; on y pense.
Il fait noir. Je m’achemine vers la place où m’interpelle la petite boîte à livres Je ne peux pas me servir, dommage.Il y en a qui ont des idées dans cette vie.
Des livres, on vient de m’en donner pour la France et pour la bibliothèque, pour essayer de s’ouvrir à la littérature italienne.
La soirée dure, un joli vin nous attend; charpenté, à traduire par corposo; ah les traductions à la nuance prés; ici le corps ou la charpente, c’est une question de mesure.
C’est déjà demain avec cette rencontre, un « thé à la bibliothèque », autour du Piave* édité par Paola; je viens pour ça, mais pas seulement; retrouver des amis aussi. On ne sait pas s’ils le sont encore… On doute; rien n’est jamais acquis. Ils le seront, finalement; les sentiments sincères se sentent= j’aime ce genre de frottements qui s’appellent allitérations…chaleureuses ce soir. Ils sont venus, ils sont tous là… Donata est la première qui s’avance; et tout de suite, Anna et Barbara, Le choeur est parmi nous et, très près, Tamara et Valdemaro qui ont tout orchestré ; à ma droite les amis de ces derniers mois, Andrea, Patricia et Giovanni; Vanni aussi et Pierre enfin, qui m’épaule toujours. On parlera du livre, de ce qu’il contient, de la vie des hommes dans les guerres , dans les drames, de part et d’autre des frontières qui divisent. Nous serons seulement émus d’avoir partagé un moment d’humanité, avec un Bella ciao d’aujourd’hui par le Coro 900.
En France, demain là-bas, se prépare une élection curieuse; un vote pas obligatoire qui triera des candidats républicains pour la Présidence; un vote d’évitement…
La marche ne s’arrêtera pas là. La nôtre non plus qui continuera vers la mer, que l’on observe d’un port ou d’une jetée, scrutant le lointain des hommes apeurés et qui partent; marche forcée. Se dire et se redire que la nôtre doit continuer, le regard haut et les mains hors des poches.
Allons! Lève -toi et marche!
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