Pas une analyse, certes pas. À quel titre la faire?

Une observation lente, sur des années. j’aurais dû dire écouter, mais non, observer va mieux.

Je pars du bruit; de celui que faisaient les élèves ( 200 à la fois) dans la cage d’escalier quand on reprenait les cours. Se raidir pour rentrer en soi, le temps de la montée. Puis, à l’étage faire silence ; on ne s’installe  pas en classe dans le brouhaha. Ainsi se fait le silence ou chacun pense à ce qu’il veut, les élèves, qu’ils ont trois heures de cours, les profs, que dans trois heures, ce sera 17 heures… et le silence complet de la voiture.

J’ouvre TÉLÉRAMA, une fois de plus,  parce que la couverture m’a interpellée.

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le silence est là qui m’attend…J’active les pages; après la 7, plus rien que du blanc et du noir;  du texte réduit des espaces immenses blancs , des lettres découpées qui ne parlent que succinctement. Un vide. Le texte, enfin le sociologue interrogé, dit que le silence est devenu l’ultime frontière  repoussée toujours plus loin. Frontière? un mot que je n’aime pas , qui provoque des cris de douleurs bruyants toujours; non , plutôt une bulle, une parenthèse au beau mitan du tout.

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Je tourne les pages jusqu’à l’île de la contemplation, là-bas en Islande. Il paraît que les islandais sont les maîtres du silence ( il faut bien dans ce monde maîtriser quelque chose, sinon…) Et puis les pays ultimes sont à la mode: littérature, vacances, foot, musique; je pense à Arvo Pärt que j’ai écouté la semaine dernière. Lui est Estonien. Écoutez le veni sancte spiritus ou encore the deer’s cry ou bien the morning star. C’est ça, le silence ou alors on tend vers.

Télérama continue avec la minute de silence des joueurs en hommage aux victimes…Et puis, il y l’ornithologue qui dit que l’humain a bouclé le bec aux pics, aux chouettes et qu’en 25 ans ont disparu un tiers de nos passereaux (entendre moineaux)… Lui pense que nos oreilles  s’habituent à ce silence désolant ( ici l’absence de gazouillis).

Télérama, tu me déprimes avec ta formule : Et les oiseaux déchantent…Plus de notes, la preuve, cette partition à la page 34: Vide de notes. C’est le 4’33 » de John Cage. Déjà en 52, ….ant! ( choisissez un adjectif après l’avoir observé, le morceau musical).

Pourtant, j’aime  le silence et si je m’appesantis sur cet édito de Time daté   de 1993, que j’ai tellement relu, c’est parce qu’il  dit, en filigrane, que le silence, c’est entendre la respiration d’autrui…

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Si ce n’est pas encore fait pour vous , commencez à l’apprivoiser,  le silence, sinon,  sûr que  vous vous ennuierez SIX FEET UNDER… ( à 1, 80m sous terre) ou bien rangé, tout propret, dans votre urne!