Quitté l’autoroute, bifurqué à gauche sur une route qui va…
Alors on la suit ; elle nous laisse en plan au début d’ une autre, plus petite. Bifurcation ; à droite, Sigoyer, 7 km; vers la gauche, Sigoyer, 10 km; on prend les 7, pas parce qu’on fatigue, mais parce qu’ elle monte , forcément plus enroulée et qu’on est tenté.
On s’est éloigné de la plaine au ruban d’autoroute chargé, aux routes avantageusement occupées – normal c’est le weekend pascal – aux klaxons pressés, aux supermarchés bondés et aux véhicules pleins comme le traîneau de Noël…
On les a quittés qui s’acheminaient vers cette réjouissance pascale où l’on s’oublie un peu entre famille et amis. On a besoin de divertissement.
Quitté le troupeau donc, même si on en est depuis que l’on est, pour musarder un peu. La route ne laisse passer qu’un véhicule ; si quelqu’un vient, on va s’esquicher jusqu’au bord du ravin au risque de rejoindre les autres moutons. On va être prudent donc et se serrer.
Le plateau, avec ses champs allongés, est là soudain. La petite école de Sigoyer, l’église immense, toujours proportionnelle à ceux qui la vénèrent. Croisement en son milieu ; Pelleautier à l’ouest, Fouillouse de l’autre côté. C’est là que l’on va. On s’enfonce au milieu de bosquets, de champs à la terre grasse, d’arbres solitaires qui ont bien vécu ainsi et qui le disent. On s’achemine. On est seul mais pas BIEN SEUL, la différence est de taille…
En bas, vers Tallard, la vie s’agite grouillant comme goutte de sang au microscope ; on achète déjà des maillots…
Ici, sur les hauteurs, pas un souffle ; le printemps, à ses balbutiements. Ils ont fait un feu de cheminée car le temps n’avance pas vite et c’est bien. On est la chèvre Blanquette du père Seguin qui regarde, depuis sa montagne, l’enclos où elle ne retournera pas… On va ouvrir la porte de la mairie qui gère un peu plus de 200 habitants. Le maire est là qui nous accueille. On se parle d’homme à homme, en se regardant.
— C’est bien cette idée de Soupe aux livres…
— C’est une idée de Jean. Deuxième année ici…
On s’y installe discrètement…
On lira de vrais livres, parlera, échangera, on s’écoutera ; un bol de soupe, un morceau de fromage, du vin, ça complète. On reprendra après, pour une partie de nuit…
Dans la vallée, le ruban continue, effréné. C’est Pâques dans deux jours.
On a bien fait de monter…
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